Claude Ollier, quand le texte dresse l’oreille , Du théâtre aveugle au texte-partition : les œuvres radiophoniques de Michel Butor , Voix, féminin et érotisme dans Jules (1967) et Récréation (1987) de Monique Wittig Aventures radiophoniques du Nouveau Roman

Intervenants : Mireille Calle-Gruber, Marion Coste, Sarah-Anaïs Crevier Goulet

Programme : Champ d’étude en études féminines et de genres/ Littératures francophones (CREFEG/LF)

Université Paul-Valéry Montpellier/Saint-Charles
Saint-Charles, salle des colloques 2

Si contestable qu’elle semble déjà l’époque et plus encore aujourd’hui que ses grands représentants (Claude Simon, Nathalie Sarraute, Michel Butor...) apparaissent dans leur irréductible originalité, l’appellation « Nouveau Roman » reste commode pour désigner un certain nombre d’aventures littéraires des années 1950 et suivantes, apparentées par un commun besoin de rupture avec une certain mode d’emploi du genre romanesque... et par l’habileté médiatique de Robbe-Grillet. Elle reste commode, à condition de ne pas donner au groupe qu’elle identifie des contours trop précis et d’y inclure aussi, comme cela se faisait parfois à l’époque, un Samuel Beckett, une Marguerite Duras (les plus rétifs certes à l’idée de groupe), voire même un Raymond Queneau (Robbe-Grillet le fait volontiers) ou un Georges Perec (l’auteur des Choses) ; sans oublier des auteurs de moindre envergure comme Jean Thibaudeau, Claude Mauriac, Monique Wittig à ses débuts (l’auteur de L’Opoponax)... À condition aussi de ne pas limiter ces auteurs à leurs romans ni même à leurs livres, puisque tous ou presque ont investi d’autres territoires artistiques : théâtre, cinéma, radio notamment.

Ces aventures radiophoniques des auteurs estampillés « Nouveau Roman » restent globalement mal connues sauf exception (Beckett), et dans tous les cas beaucoup moins que leur travail pour le théâtre et surtout le cinéma, dont l’influence sur le mode d’écriture romanesque semble aujourd’hui reconnu. Michel Butor écrit pour la radio Réseau aérien (1962) et 6 810 000 litres d’eau par seconde (1965). Claude Ollier est l’auteur d’une douzaine de « jeux acoustiques » entre 1966 et 1996, conçus comme des compositions sonores. De La Manivelle / The Old Tune (texte de Beckett) en 1960 à Mortin
pas mort (1984) et De rien (1989), Robert Pinget produit une petite douzaine de « pièces radiophoniques » privilégiant les
formes de l’interview, de l’enquête et du dialogue. Pour Nathalie Sarraute, de Silence (1964) à Isma (1972) et Elle est là
(1977), la radio est la voie d’un renouvellement après Les Fruits d’or (1963). De l’adaptation d’Un barrage contre le Pacifique en 1955 à L’après-midi de Monsieur Andesmas (1965, adaptation de l’auteur) et India Song en 1974, enregistré à la radio pour servir de bande-son à son film culte de 1975 (puis utilisé pour Son nom de Venise dans Calcutta désert, 1976),
Marguerite Duras nourrit un travail sur le pouvoir fétichiste de la voix dont sa production cinématographique ultérieure
conserve l’empreinte. Etc. La plupart de ces œuvres « pour l’oreille » résultent de commandes de la SDR de Stuttgart ;
certaines de la BBC et de la RTF/ORTF

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