Présentation du projet de recherche - l’émulsion négative cinématographique avant le passage au parlant : histoires d’un "objet-carrefour" Communication

Intervenant : Priska Morrissey

INHA, Galerie Colbert, salle Vasari
2 rue Vivienne ou 6 rue des petits champs Paris 2e

Ce projet de recherche est consacré à une réflexion historique sur l’émulsion négative cinématographique (substance photosensible que l’on couche, le plus uniformément possible sur un support de celluloïd aux formats et systèmes de perforation divers) et son traitement. À partir de cette substance, depuis sa fabrication jusqu’à son développement au sein des usines de tirage, il est possible de déployer une série de questionnements techniques mais aussi économiques, politiques, socioculturels et esthétiques offrant accès à une compréhension approfondie ou renouvelée de l’histoire du cinéma. Comme tout procédé technique, l’émulsion négative est porteuse de normes, vectrice d’horizons d’attente en termes d’usages et implique une réflexion sur ce qui est jugé, dans tel ou tel contexte, comme une « belle » ou « bonne » photographie. Une compréhension historicisée de cet objet singulier et de son traitement met en lumière à quel point il s’agit d’un parfait "objet-carrefour", qui permet de retraverser des questions aussi diverses que celles du choix des costumes, du matériel d’éclairage, mais aussi l’acquisition d’outils et pratiques de sensitométrie et la présence de petits laboratoires de recherche sur les plateaux, les débats enflammés autour du choix d’un révélateur photochimique (produit chimique utilisé pour développer l’image argentique), etc. Le projet n’a donc pas pour ambition de proposer une histoire internaliste et décontextualisée des différentes émulsions proposées par les fabricants ni de proposer une histoire déterministe du cinéma à l’aune de l’évolution de la pellicule négative mais vise au contraire le tissage, à partir d’exemples précis, d’un propos externaliste, multifactoriel et combinatoire, au sein duquel les divers contextes (économiques, politiques, socioculturels) jouent pleinement et où la technique se définit avant tout comme une construction, un fait social.

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