Voix et archives : de quelques postures éthiques pour dire l’histoire coloniale Journée d’étude Histoire et voix : personnages et personae porteurs d’histoire(s)

Intervenant : Elara Bertho

Maison de la Recherche, salle 323
28, rue Serpente, Paris 6e
Laboratoire junior « Horizons comparatistes » / Centre de Recherche en Littérature Comparée (EA 4510) - Université Paris-Sorbonne

La question de la mise en scène du narrateur, et des divers mécanismes que celui-ci emploie pour prouver sa légitimité, est l’un des traits saillants des récits centrés sur les résistants à la conquête coloniale en Afrique. Que ce soit dans des romans, des nouvelles, des poèmes ou dans la bande dessinée, les narrateurs (chez Ahmadou Kourouma, Yvonne Vera, Abdoulaye Mamani, Massa Makan Diabaté, entre autres) exhibent une « perception objectivante », pour reprendre l’expression d’Alain Rabatel , qui contribue à construire une « voix » narrative caractérisée par un savoir, en opposition aux formations discursives coloniales dominantes .
Cet ethos narratif, porteur d’un contre-discours, sera étudié à travers l’insertion, la présentation, ou la réfutation des archives coloniales, dans des textes à la gloire de plusieurs résistants à la colonisation.

Dans ce parcours des différentes voies de subversion de la doxa coloniale, à travers la matérialité de l’archive administrative en littérature, nous nous centrerons notamment sur les figures de Sarraounia, au Niger, de Nehanda, au Zimbabwe, et de Samori, en Guinée. Les deux premières sont des femmes prêtresses, accusées par le pouvoir colonial d’être des sorcières, et leur participation effective à la résistance armée est sujette à caution. Le troisième fut à la tête d’un très large empire, et mena une lutte intense contre Français et Britanniques pendant vingt ans, et il est aujourd’hui considéré à la fois comme un héros et comme un tyran, selon les voix et les postures . Les trois ont pour caractéristique d’avoir été arrêtés quasiment au même moment, entre 1898 et 1899, et ils offrent en outre un panel large de représentations de l’histoire coloniale. Nous utiliserons un corpus de textes édités, ainsi que des matériaux collectés lors des différents séjours de recherche à Conakry, Harare, Dakar, Niamey.

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