Aanchal Malhotra, Vestiges d’une séparation. Inventaire pour mémorial Paris, Éd. Héloïse d’Ormesson, [2017] 2021, 400 p. Article - Décembre 2022

Anne Castaing

Anne Castaing, « Aanchal Malhotra, Vestiges d’une séparation. Inventaire pour mémorial Paris, Éd. Héloïse d’Ormesson, [2017] 2021, 400 p.  », Annales. Histoire, Sciences sociales, décembre 2022, pp. 409-411. ISSN 0395-2649

Abstract

La Partition de l’Inde dispose d’une historiographie certes tardive mais amplement fournie et tout à fait éclectique, comme en témoigne l’enquête réalisée par Aanchal Malhotra, publiée en 2017 sous le titre Remnants of a Separation et traduite en français seulement quatre ans plus tard sous celui de Vestiges d’une séparation. Inventaire pour mémorial. Bien qu’à première vue de nature assez peu originale-Aanchal Malhotra s’entretient avec des rescapés des exodes massifs et sanglants de la partition qui accompagna l’indépendance de l’Inde et la création du Pakistan en 1947-, l’ouvrage interroge pourtant, à de nombreux égards, les vestiges non de cette partition mais de son historiographie en apparence inépuisable. Ce n’est pas un hasard si celle-ci déferla (l’image n’est pas exagérée) au début des années 1990, certainement favorisée par un regain de tensions intercommunautaires qui rappelèrent à beaucoup les heures sombres de 1947-48. Le collectif des Subaltern Studies, fondé en 1982, avait ouvert la voie d’un réexamen de l’histoire coloniale de l’Asie du Sud et, partant, des conditions de sa décolonisation. Dans un terrain particulièrement favorable, le Memory Turn connut un retentissement majeur en Asie du Sud, et plus particulièrement dans le champ émergent des Partition Studies qui, de fait, y trouvèrent les outils nécessaires à la redécouverte d’une histoire insuffisamment (et imparfaitement) explorée. Ce qu’Andreas Huyssen décrivait comme l’ « obsession mémorielle » de l’histoire européenne au début des années 1980 offrit aux Partition Studies l’occasion de souligner les lacunes évidentes d’une histoire désincarnée, de combler ces lacunes grâce à un matériel presque inépuisable, enfin de valoriser une expérience partagée par des millions de témoins et survivants habités par le sentiment d’avoir été oubliés par l’histoire. Par la singularité de son itinéraire comme de son historiographie, le cas de la Partition offrit donc une voie royale au Memory Turn qui, de l’avis (presque) général, permit de lever le voile sur la grande comme sur les petites histoires, de mémorialiser voire de patrimonialiser une histoire populaire dont on percevait déjà la disparition progressive.

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