L’émergence de la littérature des Premières Nations au Québec Table ronde

Organisateurs : Xavier Garnier, Alice Lefilleul, Christine Lorre, Simon Harel (U. de Montréal), Isabelle Saint-Amand (Queens's university) , Robert Schwartzwald (U. de Montréal)

En raison du blocage en cours du site de Censier, la table ronde aura lieu à la Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Salle Claude Simon
4 rue des Irlandais, 75005 Paris

Les auteurs amérindiens de langue française ont fait leur place dans le champ littéraire québécois ; ils ont même leur salon du livre depuis plusieurs années, Kwahiatonhk !, avec lancements, entrevues, tables rondes ou conférences de chercheurs. Mais la reconnaissance ne s’arrête pas là, elle est aussi académique. En somme, les publics sont au rendez-vous et les institutions d’enseignement se donnent pour mission de transmettre un savoir « décolonisé ».

Ce changement de perspective suit de près de profondes modifications des sociétés québécoise et canadienne. Ainsi, la Commission de vérité et réconciliation a eu pour mandat d’examiner les nombreux cas documentés de sévices envers des enfants autochtones retenus dans des pensionnats indiens qui avaient pour visée première l’assimilation et la perte de la langue maternelle. Plus récemment, une commission d’enquête sur les femmes autochtones est en cours à la suite du constat de nombreuses femmes autochtones assassinées et disparues. L’objectif est de faire la lumière sur les causes systémiques expliquant une si grande violence envers les femmes issues des Premières nations.

Sur les dix nations amérindiennes au Québec, certaines sont plus représentées que d’autres en littérature, du fait de leur lien avec le français – les Innus, par exemple, appartiennent à la nation la plus importante de langue seconde française, devant celle des Algonquins et les Hurons-Wendat, de la famille iroquoienne, s’expriment en français. Beaucoup d’artistes offrent directement leurs textes dans cette langue, voire en édition bilingue, si l’on pense aux poètes innues Rita Mestokosho et Joséphine Bacon. La première s’inscrit dans une démarche d’apprivoisement et d’affirmation identitaire : « Écrire dans une langue, la langue française est aussi une nécessité. Celle de pouvoir diffuser à un vaste auditoire nos préoccupations dans une langue poétique. » Disant cela, elle résume la position d’une majorité des écrivains contemporains, comme celle de sa consœur Bacon. Celle-ci fait aussi jouer un principe de co-écriture, du français à l’innu.

Est-il possible que les succès récents de certains auteurs amérindiens tiennent en partie au choix du français, langue d’écriture vivante, monde enveloppant, bien plus que représentation d’un discours assiégé ?

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