Performances culturelles du genre 2014-2015

Organisateurs : Anne Castaing, Fanny Lignon, Tiziana Leucci (CNRS/CEIAS)

En conclusion de Trouble dans le genre (1990), Judith Butler déploie un concept crucial pour les études de genre, celui de la performance : lieu où se déroule, où se construit et où se défait l’identité du sujet, il est aussi le lieu de l’épanouissement de cette « boucle infinie » constituée d’une multitude de caractéristiques et de prédicats — « la couleur, la sexualité, l’ethnicité, la classe (...) et les ‘capacités physiques’ — qui finissent toutes sur un etc. embarrassé ». Un « etc. embarrassé » qui révèle, selon Butler, l’incapacité du langage à « englober un sujet situé » et se traduit chez Homi Bhabha, Mikhail Bakhtine ou bien encore Gayatri C. Spivak par d’autres entrelacs complexes : ceux de la culture du sujet ; sujet nourrit de signes, de rituels, de pratiques, mais sujet également apte à s’en émanciper par la réappropriation même de ces signes, de ces rituels, de ces pratiques.
Comment la performance orchestre-t-elle cette relation complexe du sujet à l’identité et à la culture ? La scène, celle des arts et de la littérature, mais également des médias ou du langage, est le lieu privilégié de la pratique comme du spectacle, du rituel culturel comme de l’expérimentation ; le lieu où les identités se formulent, se composent, mais aussi se transgressent. Elle est le lieu où le genre s’expose comme construction culturelle, mais où s’exposent également les outils et les moyens de cette construction.
Ce séminaire interdisciplinaire se propose d’explorer différents espaces, ‘lieux’ et ‘lisières’ de la culture pour penser le genre comme une pratique singulière et mouvante et la performance comme son espace de prédilection. A travers une pluralité de médias, d’approches et de disciplines, il s’agira d’inviter à penser les effets et les spécificités de ces performances complexes, historicisées et culturellement situées, pour observer ensuite la façon dont le genre s’inscrit, se construit mais également se déconstruit dans les pratiques culturelles, où les identités de genre se négocient et s’articulent au prisme de leur ancrage. Enfin, il s’agira d’analyser comment le genre et sa performance témoignent des cultures et des modes de construction, de domination mais également d’émancipation du sujet.

Programme :

Les Vendredis de 14h à 17h
au CEIAS, 190-198 avenue de France, 75013 Paris
ou à l’INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris

9 janvier (CEIAS) : Xavier Garnier (Univ. Sorbonne Nouvelle/THALIM)
« Usages littéraires de l’intersectionnalité dans les études de genre. »

6 février (INHA) : Mehdi Derfoufi (UNIL/IRCAV)
« Omar Sharif, le Prince inquiet de nos désirs. Fabrication et mises en scène d’une masculinité arabe postcoloniale. »

13 mars (INHA) : Hélène Marquié (Univ. Paris 8)
« Enjeux et conséquences d’une histoire genrée de la danse. L’exemple de la prise en compte de quelques figures effacées de la Belle Époque. »

10 avril (INHA) : Nelly Quemener (Univ. Sorbonne Nouvelle/CIM)
« Les apports des notions de performance et de performativité pour l’étude des représentations médiatiques. »

22 mai (CEIAS) : Davesh Soneji (McGill University)
« Illicit Sexuality and the Politics of Movement : Dance and the Kalāvantula Performing Community in South India »

12 juin (INHA) : Mona Zegaï (Univ. Paris 8/CRESPPA)
« La présentation des déguisements dans le marketing du jouet comme outil d’inscription du genre dans les corps. »

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