Nombreuses sont les propositions artistiques contemporaines qui, d’une manière ou d’une autre, passent par le texte, le discours ou le récit : écrits exposés ou intégrés à l’exposition (cartel, feuillet, texte peint, photographié, sculpté, écrit au néon ou transformé en objet), performances (lectures, conférences, entretiens, interventions), livres à part entière publiés par des artistes parallèlement à leurs productions plastiques – toutes combinaisons de ces trois formes également possibles par ailleurs.
La tentation « littéraire » de l’art n’est pas nouvelle : des peintres furent poètes (William Blake) ou romanciers (Picabia), s’essayèrent au théâtre (Picasso) ; Dada et les surréalistes ont multiplié les pratiques hybrides. Mais les conditions, les enjeux et les modalités de la relation du textuel et du visuel se sont transformés depuis les années 60 et la fin du modernisme, avec les formes « intermedia » et les nouvelles poétiques d’« inclusion » des artistes Fluxus, le « tournant linguistique » de l’art marqué par les conceptuels, l’art narratif un peu plus tard encore, le fictionnalisme des années 80 et 90 : tous ces courants ont renouvelé les interactions entre le lisible et le visible.
A titre d’état des lieux de la recherche en cours et de mes propres travaux sur la question, j’esquisserai un historique des relations entre art et langage depuis les avant-gardes du début du XXe siècle pour mieux comprendre l’empreinte et les transformations de ce passé dans les productions actuelles, et je montrerai en quoi, plus que jamais, les « artistes qui écrivent » interrogent les pratiques discursives, les formes littéraires et la notion de fiction, aussi bien que la posture d’écrivain et le fait littéraire lui-même dans sa réalité pragmatique et sociale.
INHA, salle Mariette
Galerie Colbert
2 rue Vivienne
75002 Paris