Ce colloque, organisé par Sylvain Santi (LLS, Savoie) & Jonathan Degenève (CREF&G/LF, Paris 3), se tiendra du jeudi 17 au samedi 19 novembre 2011 à la Maison de la Recherche de Paris 3 (4, rue des Irlandais 75005 Paris).
Pré-programme : Montage (pdf)
Note d’intention :
Au regard des travaux tout récemment consacrés à la question, il apparaît qu’un geste d’ouverture préside désormais à la réflexion sur le montage : non plus seulement un siècle et un art, mais plusieurs [1] ; et, dans l’audio-visuel du XXe siècle, non plus seulement un réalisateur, une manière, une période ou un pays, mais plusieurs, et autant du point de vue de l’analyse que de la création [2] ; enfin, en termes conceptuels, non plus seulement la recherche d’une définition, mais la mise en évidence de plusieurs traits notionnels (un procédé historiographique, un outil herméneutique, un mode de composition) et d’un double rôle (interprétatif et productif) [3]. C’est ce geste ou, plutôt, ce sont ces gestes d’ouvertures confrontant la théorie à la pratique, les disciplines, les styles, les époques et les lieux, que ce colloque voudrait tout à la fois prolonger et interroger, et ce y compris dans le cadre d’études monographiques qui peuvent pareillement s’engager sur ces « nouveaux sentiers de lecture » « entre littérature, cinéma et peinture », pour reprendre la belle formule de Mireille Calle-Gruber à propos de Claude Simon [4].
Pour cette rencontre, dont nous espérons qu’elle suscitera d’autres rendez-vous, il nous a semblé qu’un bon point de départ consisterait à se demander ceci : à quoi tient le montage ? L’intérêt d’envisager ainsi la tenue de ce qui se présente comme monté se situe dans la sensibilité très particulière aux relations qui est alors requise. Car il s’agit de porter une extrême attention à ce qui se passe au niveau des articulations d’un objet, tout en ayant une vision beaucoup plus large depuis cet endroit – ce en quoi les gestes d’ouvertures mentionnés précédemment trouvent une profonde justification. La matière dans la construction, le travail dans l’oeuvre, les différentes dimensions dans un même espace, le conflit voire la rupture dans les liens, voilà par exemple ce qui peut (se) jouer lorsque l’on a le sentiment de passer d’une chose à une autre. Par suite, la poétique montagiste peut ainsi tenir à une esthétique, une philosophie, une politique, etc., mais à partir d’un fond fragmentaire et documentaire. Est-ce là le paradoxe de ce qui n’en demeure pas moins une dialectique, comme le pense Georges Didi-Huberman dans le sillage de Benjamin, Brecht et Bloch (Quand les images prennent position) ? Ou bien, en suivant Jean-Luc Nancy, faut-il parler de contiguïtés sans continuités qui, par delà le vide et le plein, le lié et le délié, font néanmoins sens par contact (Etre singulier pluriel) ? Et, concrètement, lorsque je fabrique ou apprécie un montage, qu’est-ce qui me fait dire que ça tient ? que ça fonctionne ? que ça me touche ? que ça me parle ? Reste à savoir enfin si cette perspective ne permettrait pas d’éclairer d’autres sujets de réflexion tels que la citation, la promotion du dispositif contre la structure, les débats contemporains sur le corps ou l’identité et le problème, crucial dans le monde médiatique d’aujourd’hui, d’un montage tenu à un flux qui tantôt endort tantôt martèle l’esprit au lieu d’instaurer une relation critique.