De la geste Jean-Christophe à L’Âme enchantée : l’épique intempestif de Romain Rolland, entre masculin et féminin Éthiques de l’épique : questionnement moral et formes nouvelles de l’épopée (20e-21e siècles)

Intervenant : Aude Leblond

ENS Ulm salle Celan
45 rue d’Ulm 75005 Paris

Les études récentes soulignent la diversité des épopées et leur valeur problématique. La perspective comparatiste, depuis René Etiemble, a permis de percevoir la complexité d’un genre qui avait été si souvent identifié à une seule culture, et, dans cette culture, à une seule œuvre (l’Iliade). Florence Goyet a proposé de rompre définitivement avec les définitions classiques de l’épopée, qui la caractérisent par une posture de « célébration » univoque des valeurs d’une communauté : l’épopée serait au contraire un « instrument pour penser le conflit en profondeur et donner voix à tous, vaincus et vainqueurs », pour inventer des solutions politiques nouvelles par le « travail épique » d’une création polyphonique. On s’appuiera sur ce renouvellement théorique pour interroger l’épique dans la littérature des XXe et XXIe siècles, comme une ressource de la pensée éthique.

Faire appel à l’épique, c’est en effet reprendre les figures de l’aventurier, du combattant, du voyageur, avec les dilemmes moraux et les vertus qui leur sont propres. Doit-on cesser de parler d’héroïsme épique, ou faut-il considérer qu’il se renouvelle en s’écartant de la figure du mâle occidental ? Quelle place l’épique fait-il à la fragilité, à la vulnérabilité ?
Le choix même d’une narration épique n’est-il pas aussi le choix d’une posture morale ? L’épique, genre politique par excellence, ne contribue-t-il pas à déplacer les questions morales ? Quelle place donne-t-on alors à l’individu, à sa liberté, à ses choix, à ses interrogations subjectives, dans la communauté et l’histoire ?

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