Université de Bourgogne
MSH -Campus Erasme
Dijon (France)
Jean Galmot : l’allégorie à l’épreuve des tropiques La littérature française au grand large
Intervenant :
Programme : Cartographie écopoétique des littératures africaines
Les romans guyanais de Jean Galmot, Quelle étrange histoire (1918) et Un mort vivait parmi nous (1922), mettent en scène des aventuriers à la fois enlisés dans une terre inhospitalière et soutenus par des idées fixes. La « Mer », la « Forêt », le « Bateau », la « Solitude », le « Vent », la « Mine », la « Cité », sont autant d’entités qui s’adressent aux personnages, et leur permettent de tenir le cap dans un univers désorientant qui les mène à la déliquescence. Nous analyserons les modalités narratives de cette alliance entre un réalisme très concret, nourri de notations sensorielles, et la constante invocation de puissances allégoriques.
Par cette façon de mettre l’allégorie au « grand large », Jean Galmot parvient à éviter l’écueil d’une vision conradienne de la forêt tropicale comme vertige de l’Occidental, dont l’écrivain nigérian Chinua Achebe a montré le substrat profondément raciste. Le Périgourdin Jean Galmot, dont tous les biographes (Blaise Cendrars le premier dans Rhum) racontent l’exceptionnelle « rencontre » avec la Guyane et les Guyanais, fait un usage original de l’allégorie, dont nous voudrions montrer les ressorts décoloniaux à la lumière des analyses de Fredric Jameson sur l’allégorie nationale dans les littératures du Tiers-Monde et d’Elizabeth DeLoughrey sur les allégories postcoloniales de l’anthropocène.