Pour une écopoétique de la ville de Harare. Lecture de Mindblast de Dambudzo Marecherae Reconfiguring, repurposing the City : Urban Ecotones in the Global South

Intervenant : Xavier Garnier

Programme : Cartographie écopoétique des littératures africaines

University of Cape Town
Cape Town, Adrique du Sud

Seul avec sa machine à écrire dans le jardin public du centre-ville, Dambudzo Marechera s’efforce dans son « Appendix of the Journal » de capter par l’écriture les multiples flux qui traversent la ville de Harare. Obstiné, depuis son retour d’Angleterre, à rompre avec toute forme de reconnaissance institutionnelle, le poète-clochard qu’il est devenu choisit ce lieu central pour interroger la façon dont la ville postcoloniale configure spatialement le pouvoir. La géométrie des rues, la silhouette des passants, les bribes de paroles échangées, le volume sonore des véhicules, la persistance des odeurs, toutes les perceptions de la ville viennent directement affecter un sujet poétique qui assume positivement sa subalternité et son absence de statut. Le corps évidé du poète devient un lieu de résonance pour une ville hautaine et bruyante qui ne le reconnaît pas et le tient à distance. Ce dispositif énonciatif radical permet de révéler l’inscription moléculaire du pouvoir dans une ville coloniale qui s’appelait, quelques années auparavant, Salisbury et qui s’est construite sur une idéologie d’invisibilisation de l’autre. Je propose de lire ce texte, inséré dans Mindblast (1984), comme un manifeste pour une écopoétique urbaine, susceptible de catalyser, de positiver et de démultiplier les énergies parfois mortifères de la ville.

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