Une chronique ajami en haoussa de l’empire de Samori Touré Labarin Shamuri, de Mallam Abu, Wa (Ghana) 1914 Littératures en langues africaines : production, diffusion, réception

Intervenant : Elara Bertho

INALCO
Insititut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Pôle des langues et civilisations
65 rue des grands moulins
75013 Paris

La School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres conserve un manuscrit haoussa rédigé en ajami de 182 folios intitulé Labarin Shamuri, « l’histoire de Samori », qui n’a jamais été traduit. En nous fondant sur une transcription en alphabet latin gracieusement transmise par Stanislaw Pilascewicz, nous avons élaboré une première traduction du récit, conjointement avec Souleymane Ali Yero (Université Abdou Moumouni, Niamey).
Labarin Shamuri est une œuvre de commande, Mallam Abu ayant rédigé le texte à la demande du Dr. J.F. Colson, un officier britannique en garnison à Wa au Ghana, qui l’aurait encouragé à transmettre ses souvenirs, autour de 1914, peut-être avec l’aide d’un scribe. Le narrateur rend compte de ses souvenirs dans une succession de près de deux cents labari, deux cents « histoires » ou paragraphes, qui relatent la prise de plus de trente villes, du nord de la Guinée jusqu’au Ghana, en passant par le sud du Mali et le nord de la Côte d’Ivoire. Celui-ci affirme avoir été témoin de toutes ces batailles, et des alliances diplomatiques qui se sont nouées avec les chefs de la région, notamment avec le guerrier zarma Babatu. Nous n’avons que très peu d’informations sur ce narrateur, si ce n’est les indices que le texte et la langue nous livrent.
Ce document écrit en langue locale, au croisement du récit initiatique, du conte merveilleux, et de la chronique historique constitue une source de premier plan pour l’histoire de la région, et particulièrement pour l’histoire précoloniale, puisque le récit commence dans les années 1870. Il s’agit du premier texte écrit en langue locale à relater les évènements, seulement quatorze ans après la mort en exil de Samori, en 1900, ce qui en fait un document exceptionnel.
A partir d’une étude sur les variations dialectales du haoussa présentes dans le texte, nous proposerons une analyse de la production du récit, avant d’étudier l’élaboration d’une chronique historique au style tout à fait singulier, nourri à la fois et de manière concomitante d’influences de la littérature orale, ainsi que de la tradition d’écriture de l’histoire en ajami.

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