Barthes à l’ère numérique Bien que souvent présenté comme un antimoderne, selon la formule contestée d’Antoine Compagnon 1 , Roland Barthes est, volens nolens, éminemment présent à l’ère numérique : sa description du monde comme un espace plat de signes global permet de comprendre la conversion du monde en data ; sa manière de chroniquer la vie ordinaire et sensible donne un puissant exemple de nos individualités numériques ; sa manière, par liens et par gambades, de naviguer de lieux en lieux culturels préfigure l’hypertexte ; son rêve d’un « texte scriptible » 2 mêlant lecture et écriture anticipe nos textualités enchevêtrées et collaboratives. Bref, Barthes, sa manière de collectionner des « biographèmes » en des sortes d’albums hypertextuels, ses projections subjectives étoilées invente par anticipation le web 2.0 qui nous est contemporain. Une telle influence conceptuelle forte, explicitée par certains dispositifs numériques comme le projet Barthes-vision 3 , n’a rien de magique, mais s’explique par la contemporanéité du premier web et du dernier Barthes.
Barthes à l’ère numérique Article - Juin 2018
Alexandre Gefen, « Barthes à l’ère numérique
», Revue Roland Barthes, juin 2018. ISSN 2275-2641. 〈http://revue.roland-barthes.org/2018/07/alexandre-gefen/219/〉
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