Les littératures indiennes, des Védas aux diasporas Article - Février 2020

Anne Castaing

Anne Castaing, « Les littératures indiennes, des Védas aux diasporas  », Livres Hebdo, février 2020

Résumé

Les littératures indiennes, des Védas aux diasporas Anne Castaing, Livres Hebdo, 14/02/2020 D’un abord insaisissable, c’est dans la pluralité que se déclinent les littératures indiennes, des grandes épopées sanskrites et des récits des héros de la mythologie hindoue aux poèmes du Nobel Rabindranath Tagore et au réalisme magique du très cosmopolite Salman Rushdie. À la mesure d’un territoire presque aussi vaste que l’Europe où cohabitent autant de traditions que de langues, ce que l’on nomme plus volontiers le sous-continent indien (qui englobe l’Inde, mais aussi les États frontaliers du Pakistan à l’ouest, du Bangladesh à l’est, du Népal et du Bhoutan au nord, et du Sri Lanka et des Maldives au sud) est un espace où le littéraire côtoie, prolonge et même nourrit l’histoire, le politique et le social, depuis ses premières formulations au IIe millénaire avant JC. Si le paysage éditorial français donne la part belle à la modernité, elle-même foisonnante et par ailleurs largement diasporique, celle-ci se fait pourtant l’écho, volontaire ou non, de traditions parfois millénaires, aussi riches qu’iconoclastes. Quelques éclaircissements ne sont donc pas inutiles. Multilinguisme La comparaison européenne n’est pas inappropriée, bien qu’elle minimise largement la réalité linguistique indienne contemporaine : la Constitution indienne reconnaît 2 langues nationales, 22 langues officielles et plus de 400 langues minoritaires, dont certaines (comme le bhojpuri ou le rajasthani) comptent plusieurs dizaines de millions de locuteurs. Les premières (l’anglais et le hindi) comme les secondes (bengali, télougou, sindhi…) et les troisièmes ont produit une littérature féconde, souvent mal connue du lecteur français : si l’on a pu lire les anglophones Salman Rushdie, Amitav Ghosh et Arundhati Roy, ou leurs prédécesseurs R.K. Narayan ou Raja Rao, le grand romancier hindi Premchand (1880-1936), gandhien et père du réalisme social en Inde, reste méconnu en dépit de son rôle majeur dans le mouvement nationaliste comme dans le développement de la prose en hindi. Des auteurs comme Mahasweta Devi pour le bengali, Saadat Hasan Manto pour l’ourdou, Amrita Pritam pour le panjabi, le dramaturge Girish Karnad pour le kannada ou le poète K. Satchidanandan pour le malayalam ont pourtant marqué l’histoire littéraire moderne du Sous-continent, tant par l’originalité de leur style que par le discours qu’ils ont pu produire sur l’histoire et la société indiennes. Une langue régionale dite « minoritaire » comme le rajasthani

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