En fondant l’Oulipo en 1960 sous l’étoile de la convivialité et de la multiplicité des scripteurs, Raymond Queneau et François Le Lionnais ont d’emblée placé en exergue la dimension collective de l’écriture à contraintes, insistant sur l’aspect ludique de procédés (et parfois d’œuvres) produits dans un cercle élargi aux dimensions transnationales, dans la lignée du Collège International de ‘Pataphysique. Nées toutefois dans un contexte difficile, dans un siècle où le statut du rire a radicalement changé, et surtout aux lendemains d’une guerre dont les répercussions n’ont guère épargné les membres de l’Ouvroir, les contraintes inventées ou recensées permettent, en fouillant les débris de la vieille culture rhétorique européenne, d’en conjurer le désastre. À partir de restrictions et en introduisant un paramètre supérieur, l’on fait ainsi paradoxalement naître des possibilités linguistiques parfois inédites et, d’une langue à l’autre, le plus souvent comiques. Dans les limites de cet article, on s’est intéressé plus particulièrement aux textes collectifs de l’Oulipo, comme 35 variations (en cinq langues), ou encore à ceux qui se répondent comme ces numéros de la Bibliothèque oulipienne qui poursuivent par-delà le temps Le Voyage d’hiver de Perec.
L’Oulipo sur la scène internationale : ressorts formels et comiques Chapitre d’ouvrage - 2010
Christophe Reig, « L’Oulipo sur la scène internationale : ressorts formels et comiques
», in Anne Chamayou, Alastair Ducan (ed.), Le Rire européen - échanges et confrontations, 2010, pp. 63-82. ISBN 9782354120542. 〈http://pup.univ-perp.fr/book.php?book_id=351〉
Résumé