Le langage des Noirs dans l’"Essai sur l’inégalité des races humaines" de Gobineau. Sensation et création Chapitre d’ouvrage - 2012

Sarga Moussa

Sarga Moussa, « Le langage des Noirs dans l’"Essai sur l’inégalité des races humaines" de Gobineau. Sensation et création  », in Wort Macht Stamm. Rassismus und Determinismus in der Philologie, 2012, pp. 227-238

Résumé

On connaît le système raciologique de Gobineau, qui distingue trois grandes " races ", placées sur une échelle graduée (Poliakov 1987 : 265 et suiv. ; Todorov 1989 : 153 et suiv. ; Taguieff 1998 : 21 et suiv.). En haut figurent les Blancs, porteurs d’énergie et d’intelligence : ce sont les seuls qui, dès le départ, sont susceptibles d’apporter la civilisation, malgré le pessimisme historique à l’œuvre dans l’"Essai sur l’inégalité des races humaines" (1853-1855). Suit la " race jaune ", qui a des dispositions à l’" apathie ", mais qui conserve une certaine forme de rationalité. Vient ensuite la " variété mélanienne ", qui ne " sortira jamais du cercle intellectuel le plus restreint ", et qui est caractérisée par l’" avidité [...] de ses sensations " (Gobineau 1983 : I, 339 et suiv.) : " Ce qu’il [le Noir] souhaite, c’est manger, manger avec excès, avec fureur " (ibid., 340). Le Noir semble donc réduit un corps quasiment privé de cerveau, corps lui-même limité à une pure fonction digestive, par ailleurs hypertrophiée. Le Noir est du côté de l’instinct et de la matière. Son hybris paraît tournée entièrement vers lui-même : il consomme, il absorbe gloutonnement, au lieu de produire et de créer. Être du pure sensation, il oscille entre des pulsions contradictoires.

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