On connaît le système raciologique de Gobineau, qui distingue trois grandes " races ", placées sur une échelle graduée (Poliakov 1987 : 265 et suiv. ; Todorov 1989 : 153 et suiv. ; Taguieff 1998 : 21 et suiv.). En haut figurent les Blancs, porteurs d’énergie et d’intelligence : ce sont les seuls qui, dès le départ, sont susceptibles d’apporter la civilisation, malgré le pessimisme historique à l’œuvre dans l’"Essai sur l’inégalité des races humaines" (1853-1855). Suit la " race jaune ", qui a des dispositions à l’" apathie ", mais qui conserve une certaine forme de rationalité. Vient ensuite la " variété mélanienne ", qui ne " sortira jamais du cercle intellectuel le plus restreint ", et qui est caractérisée par l’" avidité [...] de ses sensations " (Gobineau 1983 : I, 339 et suiv.) : " Ce qu’il [le Noir] souhaite, c’est manger, manger avec excès, avec fureur " (ibid., 340). Le Noir semble donc réduit un corps quasiment privé de cerveau, corps lui-même limité à une pure fonction digestive, par ailleurs hypertrophiée. Le Noir est du côté de l’instinct et de la matière. Son hybris paraît tournée entièrement vers lui-même : il consomme, il absorbe gloutonnement, au lieu de produire et de créer. Être du pure sensation, il oscille entre des pulsions contradictoires.
Le langage des Noirs dans l’"Essai sur l’inégalité des races humaines" de Gobineau. Sensation et création Chapitre d’ouvrage - 2012
Sarga Moussa, « Le langage des Noirs dans l’"Essai sur l’inégalité des races humaines" de Gobineau. Sensation et création
», in Wort Macht Stamm. Rassismus und Determinismus in der Philologie, 2012, pp. 227-238
Résumé