Le vent comme élément d’une esthétique de la précarité et de la mobilité Article - 2003

Danièle Méaux

Danièle Méaux, « Le vent comme élément d’une esthétique de la précarité et de la mobilité  », IRIS, Centre de recherche sur l’imaginaire, Université Grenoble 3, 2003

Résumé

La photographie présentée page ? est tirée de Route Nationale 1 1 , ouvrage qui réunit 22 vues de Bernard Plossu et un bref écrit de Jean-Christophe Bailly. Le titre du livre ainsi que le texte proposé en quatrième de couverture indiquent que les clichés ont été réalisés lors d’un parcours de la Route Nationale 1 ; la disposition dans l’espace de l’ouvrage incline le lecteur à un enchaînement des vues qui induit l’idée que les épreuves ont été chronologiquement réalisées lors d’un seul et même déplacement de Paris à la mer (alors que rien ne garantit que telle a effectivement été la démarche de Bernard Plossu, qui a pu effectuer plusieurs fois le trajet et/ou agencer les épreuves à son gré). Mais l’objet-livre s’impose : la consécution spatiale des images suggère la succession temporelle des scènes retenues par l’opérateur itinérant. Les images se donnent comme les fragments mémorisés d’un voyage et le spectateur est engagé par le dispositif livresque à établir un liant entre ces éléments discontinus, d’autant que la situation-le parcours automobile-lui est familière. L’ouvrage a été réalisé, par le Centre Régional de la Photographie Nord-Pas-de-Calais, dans le cadre de la « Mission Transmanche » qui entend interroger les modifications du territoire, les changements liés au développement des réseaux de communication et de pouvoir dans le Nord de la France. Dans ce dessein, commande a été faite d’ouvrages originaux à des artistes tels que Martin Parr, Jean-Louis Garnell, Josef Koudelka ou encore Bernard Plossu… 2 Cette entreprise s’apparente à celle qui fut impulsée par la DATAR en 1989 : un certain nombre de photographes reconnus furent alors chargés de travailler sur l’évolution du paysage français 3. Ce type de commande présuppose pour le moins qu’il n’y a pas antinomie entre l’enregistrement documentaire des sites et leur éventuel traitement artistique ; davantage même, elle semble présumer que l’appréhension esthétique des espaces géographiques est à même d’informer la perception des lieux, comme ne saurait peut-être le faire une enquête qui se prévaudrait de plus d’objectivité.

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