Mémoire du roman : dialogue de quelques livres-fantômes Chapitre d’ouvrage - 2013

Aude Leblond

Aude Leblond, « Mémoire du roman : dialogue de quelques livres-fantômes  », in Isabelle Daunais (ed.), La Mémoire du roman, 2013, pp. 127-140

Résumé

Il s’agissait d’étudier la forme que prennent dans notre mémoire les romans. Je propose d’envisager le souvenir que nous conservons d’un roman comme un univers de lecture, que je définirais comme la représentation mentale, disponible pour le lecteur, d’un roman lu auparavant. L’univers de lecture comprendrait l’ensemble de ce que nous pouvons convoquer lorsque nous essayons de nous remémorer un roman. La question, dès lors, est de voir à quel point ces univers de lecture se recoupent. Y a-t-il des constantes dans les univers de lecture projetés sur la conscience du lecteur ? Sont-ils « programmés » par le roman lui-même, ou plutôt par ses conditions de réception (appartenance ou non à un canon, place dans l’institution scolaire, déterminismes sociaux, etc.) ? J’ai recueilli pour tenter de répondre à ces questions des témoignages de lecture, où les participants se sont prêtés au jeu de l’évocation et de la rédaction, de mémoire, d’un univers de lecture. Quinze participants ont mis par écrit leur souvenir d’un roman canonique (au choix, Madame Bovary, Le Père Goriot ou Les Liaisons dangereuses), puis celui d’un roman de leur choix. La variété des récits recueillis montre que nous oublions plus que nous ne nous remémorons les romans. Nous les oublions allègrement, mais nous y sommes profondément attachés : peut-être parce qu’ils fournissent le modèle d’une remémoration sans faille (il suffit de relire le roman), mais peut-être aussi parce qu’ils nous donnent petit à petit le pouvoir de narration. Notre oubli assez général des romans ne doit pas effrayer, tant il est lié à une appropriation – que celle-ci nous pousse à la relecture ou à l’écriture.

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