L’art ne peut exister que par ce qui le nie ; il lui faut s’expatrier, en se choisissant des contre-modèles qui travaillent à l’encontre de ses propres moyens. D’où, pour l’écrivain, la fascination, parfois inavouée, pour tout ce qui ferait l’économie du langage et de ce qu’il postule (sens, formalisation et structuration logique). Au fond, sans la conscience que le langage est vain, écrirait-on ? Ce livre explore, de Balzac à Zola, de James à Wilde, de Maeterlinck à Sarraute, de Proust à Carson Mc Cullers, quelques aspects de cette résistance du texte qui passe par le renoncement aux pouvoirs du langage. Écrire n’est peut-être qu’une façon de crever l’écran des mots ; à l’endroit de la déchirure, par le pan, dont la peinture servit de modèle à Proust, le Réel surgit alors, et nous aveugle, sans pour autant nous tuer ou nous rendre fou ; car l’œuvre nous permet de survivre joyeusement à cette catastrophe dont elle rend l’expérience possible et salvatrice.
Pans. Liberté de l’œuvre et résistance du texte Ouvrage (y compris édition critique et traduction) - 2004
Arnaud Rykner, Pans. Liberté de l’œuvre et résistance du texte
, José Corti, Paris, 2004, p. 232. ISBN 2714308384
Résumé