Avant de devenir le haut lieu de la chanson, rendue célèbre par un Bruant ou un Legeay entre autres, la butte Montmartre – le cabaret du Chat Noir en tête – a été le repaire des poètes de la Bohème, venus lors de soirées dire leurs vers ou leurs monologues. Dans cet article, je me propose d’analyser les liens entre le style publicitaire, hérité des exhibitions et des boniments forains, et l’esthétique qui se développe dans les cabarets artistiques montmartrois. Rodolphe Salis, propriétaire du Chat Noir, animait ainsi les soirées du Chat Noir de ses boniments, faisant l’annonce des « numéros poétiques » à venir. Mais cette posture de bonimenteur n’était pas limitée aux interventions de Salis. En disant leurs monologues ou leurs vers, en proposant des interventions souvent humoristiques, dans le pur esprit fumiste, les poètes participaient eux aussi à entretenir le spectacle permanent, où la rhétorique publicitaire contribuait principalement à créer un événement perpétuel. Je m’attarderai plus particulièrement, à cette occasion, sur l’exemple du poète-chansonnier Maurice Mac-Nab, qui a écrit plusieurs poèmes et monologues reprenant la rhétorique du boniment ou des annonces publicitaires. « Les Poêles mobiles », « Plus de cors ! » et le monologue « Le Nain Colibri » constitueront autant d’exemples pour éclairer la dimension parodique de certains de ses textes. Le lien entre publicité et poésie me semble dans ce cas relever également de questions de mises en scène. La poésie « prise au jeu de la réclame » se fait saynète, rappelant les parades des bonimenteurs et des charlatans qui animaient les champs de foire.
Poèmes-boniments dans les cabarets montmartrois : l’exemple de Maurice Mac-Nab au Chat Noir Chapitre d’ouvrage - Février 2017
Agnès Curel, « Poèmes-boniments dans les cabarets montmartrois : l’exemple de Maurice Mac-Nab au Chat Noir
», in Marie-Paule Berranger, Laurence Guellec (eds.), Les poètes et la publicité. Actes des journées d’étude tenues à l’Université Sorbonne nouvelle- Paris 3 les 15-16 janvier 2016, 2017, pp. 7-19
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