Ce projet vise à proposer une approche culturelle de l’intelligence artificielle (IA), de sa « préhistoire » jusqu’aux développements contemporains du deep learning, en combinant les méthodes de l’histoire des sciences, de l’histoire des idées et des imaginaires collectifs avec des analyses de terrain. Ce projet est inédit, en France comme dans le monde anglo-saxon, alors que son urgence nous apparaît imposée par l’ampleur des débats actuellement menés sur l’IA. L’hypothèse de recherche du projet est la nécessité de comprendre l’IA non seulement comme un ensemble d’algorithmes, mais aussi comme une « technoculture » (Shaw, 2008), où les sciences impliquées (mathématiques, sciences de l’information et sciences cognitives) sont inscrites dans des institutions configurant les pratiques scientifiques, mais aussi dans des contextes culturels situés et dans des imaginaires impliquant des idéologies, des fictions, des représentations sensibles.
Le projet conjugue à cette fin un ensemble de méthodes originales : un examen en synchronie de la culture scientifique très interdisciplinaire et variée de l’IA contemporaine à travers une fouille de sa littérature, permettant d’en cartographier la sémantique et les concepts (WP1) ; une série d’enquêtes de terrain relevant de l’ethnographie des sciences et des techniques à travers quatre types de contextes culturels différenciés et représentatifs permettant de comprendre la « technoculture » des praticiens (WP2) ; une histoire de l’IA mobilisant à la fois quelques-uns des meilleurs historiens des sciences et des technologies et des historiens de la culture (WP3).