Littératures et anthropologie : Histoires de gestes 2 (2015-2016)

Organisateurs : Aline Bergé, Serge Martin (Paris 3, DILTEC)

Séminaire transversal de l’unité Thalim (Ecritures de la modernité) et de Paris 3.

Dans une perspective anthropologique, les littératures du monde apparaissent comme des lieux d’invention, d’inscription et de transfert, de réception et de transmission d’un complexe de gestes diversement partagés et reliés aux sphères des langues et des arts, et plus largement aux activités humaines et au vivant. En une série d’enquêtes sur des corpus littéraires et anthropologiques issus d’horizons géoculturels et politiques différents, le séminaire propose d’explorer la gestualité des activités littéraires (création, critique et théorie) qui passe frontières et relais : vitalité et plasticité des littératures du monde comme lieux d’expériences intersubjectives et
transculturelles.

Séances du séminaire

Séance(s) passée(s)

  • Ariane Martinez. Art mimique et art poétique : résonances et complémentarités

    « Avec une plume tout cela est pâle et glacé. Comment la plume pourrait-elle rivaliser avec la pantomime ? »
    Charles Baudelaire
    « De l’essence du rire, et généralement du comique dans les arts plastiques » (1855)

    Examiner les relations entre art mimique et art poétique au cours du dernier siècle permet de tracer, à grands traits, une histoire du geste scénique au regard de la littérature, c’est-à-dire une histoire du geste tel que la littérature le pense et le change, mais aussi tel qu’il lui échappe. Un parcours diachronique sera proposé, en trois étapes-clés. Au tournant des années 1880, le mime fascine le poète, qui voit en lui à la fois un frère et un rival (Théophile Gautier, Théodore de Banville). L’un règne sur le corps : il est le maître du geste muet, concret et éphémère. L’autre maîtrise le verbe et fige gestes et émotions dans « l’herbier des phrases » (Jean Richepin). Des années 1930 aux années 1970, à l’inverse, la poésie s’affirme comme un modèle pour les acteurs et penseurs de l’art mimique qui cherchent à constituer une poétique propre au mouvement (Etienne Decroux) et un « corps poétique » (Jacques Lecoq). Enfin, depuis les années 1980, les arts du mime et du geste tuilent mouvement corporel et émissions vocales, qui jouent de façon complémentaire, par exemple, dans les spectacles du Théâtre du mouvement (Claire Heggen et Yves Marc).

    Cette histoire des relations entre art mimique et art poétique témoigne aussi de la façon dont les gestes scéniques, si virtuoses soient-ils, ne sont pas seulement des gestes forts mais aussi des gestes phares, dans lesquels le spectateur peut retrouver un fonds commun, qui a trait à une époque spécifique (gestes de décapitation dans les pantomimes du XIXe siècle) ou à appropriation corporelle du monde par la gestualité scénique (« mimages » et « mimodynamiques » de Lecoq).

    A la suite de ses études littéraires (ENS-LSH de Lyon et agrégation de Lettres Modernes), Ariane Martinez s’est intéressée aux relations entre le théâtre et les autres arts de la scène (pantomime, mime et cirque), notamment dans La Pantomime, théâtre en mineur 1880-1945, Prix de thèse de l’Université Paris III-Sorbonne nouvelle (Paris, PSN, 2008). Ses recherches portent aussi sur l’histoire et l’esthétique de la mise en scène (La Mise en scène théâtrale de 1800 à nos jours, co-écrit avec Bénédicte Boisson et Alice Folco, Paris, PUF, 2010/2015 ; Graphies en scène, ouvrage collectif codirigé avec Jean-Pierre Ryngaert, Montreuil, Editions théâtrales, 2010) et sur les relations entre texte et scène (Le Vaudeville à la scène, ouvrage collectif codirigé avec Violaine Heyraud, Grenoble, ELLUG, 2015). En partenariat avec l’Odyssée, scène conventionnée de Périgueux et l’Institut National des arts du mime et du geste, elle entame actuellement un programme de recherches sur les archives vidéos du Festival Mimos (tournées depuis 1989), en vue de la création du Portail des arts du mime et du geste SO MIM.

    Entrée libre.
    Contacts : Aline.Berge chez univ-paris3.fr et Serge.Martin chez univ-paris3.fr

    Musée du Quai Branly, salle de cours n°2 (sous-sol)
    37 Quai Branly, 75007 PARIS

  • Patrick Quillier : Le geste dans l’oreille
  • Aliyah Morgenstern. Geste, langage et créativité
  • Aline Bergé. Entre archive et projet : anthropologie du geste et vie littéraire
  • Michel Chaillou, anthropologue de la France (sur La France fugitive, 1998, et La Fuite en Egypte, 2011)
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