Zones

Organisateurs : Emeline Baudet, Elara Bertho, Ninon Chavoz, Xavier Garnier, Myriam Suchet, collectif ZoneZadir, ALice Lefilleul, Mélanie Bourlet, Marie Lorin, Enno Devillers-Pena

Le terme zone, actuellement sollicité dans de multiples contextes, est au carrefour de nombreuses préoccupations de notre époque sur les interactions entre l’institution et les expérimentations informelles de l’espace et des territoires. Des ZAC (Zones à Construire) aux ZAD (Zones à Aménagement Différé revisitées en Zones à Défendre) on pourrait décliner une multiplicité de sigles renvoyant à des espaces où s’entrecroisent des expériences hétérogènes qui engagent l’avenir. Entre le territoire bien quadrillé et le désert ouvert à toutes les aventures, la zone apparaît comme un espace incertain, en attente de décisions, propice aux habitats précaires, aux rencontres improbables et aux germinations de résistances. C’est ce potentiel projectif de la zone, cette façon de nouer à une portion d’espace une délibération sur l’avenir, que nous voudrions explorer dans ce séminaire.

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Séances du séminaire

Séance(s) passée(s)

  • Claire Gallien, "Les zones autonomes temporaires de Hakim Bey"
  • Jean-Baptiste Voisin, "La montagne entre sites et zones"
  • Hélène Gaudy, “Zones blanches autour du Spitzberg” (rép. Lucie Taïeb)
  • Catherine Lesaffre et Virginie Gautier , "Ecrire vers les ZAD" (rép. Rémi Astruc)

    Virginie Gautier et Catherine Lesaffre écrivent « vers la zone ». Elles ont l’une et l’autre engagé une forme de nomadisme de l’écriture en rapport avec les zones interstitielles de la société, et notamment les ZAD. Nous irons dans cette séance à la rencontre de deux processus d’écriture de création, initiés à l’Université de Cergy dans le cadre du master de création littéraire, qui se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui. Que fait la zone à l’écriture ? Comment l’écriture de création, en tant qu’expérience sensible, avec son indétermination et son caractère d’errance mais aussi l’orientation qui guide sa recherche, est-elle en résonance avec la zone ? L’écriture peut-elle être une approche éco-poétique de la zone ?

    Des désirs de constructions nouvelles, recentrées sur l’être et de possibles communs, surgissent partout où des je et des nous décident d’opposer un refus à nos sociétés fermées et leur mode de vie non négociable, génératrices de précarité et d’exclusion. Il ne s’agit plus d’utopies, ayant toujours existées, tenues latentes, dans des limbes prêtes à ressurgir ; mais d’initiatives bien réelles, désirées, fomentées sinon poussées à bout, surgissant sous de multiples formes. Elles partent d’une insoumission aux prescriptions en direction des places à prendre, précaires, inexistantes, vides de sens. Pour ceux-là qui veulent ou ne peuvent faire autrement qu’échapper à l’organisation, garantie de surface, barrant les accès à la vie, remparts contre la différence, tout est à reconsidérer à partir de la confusion engendrée par l’attente, les refus, et dans le meilleur des cas, peut s’ouvrir alors, une autre lecture du monde et, sous son apparente dureté, une nouvelle manière (poétique) d’habiter le monde. Des zones apparaissent, d’exclus involontaires de naissance, devenus volontaires, disant qu’ils ont des formes de vie autres, à défendre.

    Après une longue conversation avec une jeune fille parcourant le monde à dos de mules, Catherine Lesaffre s’apprête à une rencontre avec un jeune homme vivant en camion et se déplaçant de lieux en lieux repérés avec soin. Peut-être conclura-t-elle cette pérégrination (moins les récits qui en découlent) par quelques faiseurs de cabanes dans les arbres, souvent menacées de démolition. Ces jeunes gens ont un point commun : celui d’agir en recommencement sans plus attendre. Ces expériences ouvertes, qu’il s’agit pour elle de documenter, participent sans le savoir à l’extension d’un monde devenu difficilement habitable. Toute forme de vie inventive porte en elle le germe d’une avancée politique, de fait, au travers d’engagements dont il leur faut décider continument dans une continuité bravant, par intime conviction, l’uniformisation imposée.

    Dans le cadre du volet littéraire de sa thèse qui questionne le déplacement comme processus de création, Virginie Gautier a mis en place, en avril 2017, un dispositif spatial d’écriture, appelé Marchécrire qui a consisté à rejoindre à pied, depuis son domicile, la ZAD de Notre-Dame des landes. Il ne s’agissait pas seulement de prendre pour objet d’écriture la Zone À Défendre, mais d’en faire une visée à même de mettre en perspective le territoire rural et périurbain traversé. Le texte achevé, Vers les terres vagues, est le récit de ce « voyage », au triple sens d’une rêverie, d’une enquête et d’un déplacement. Il est issu de plusieurs temporalités d’écriture, dont un ensemble de notations in situ et un corpus de ressources documentaires liées aussi bien à l’histoire de la ZAD qu’à des questionnements plus géographiques.

    Pour consulter le carnet des départs de Virginie Gautier :

    http://carnetdesdeparts.blogspot.com (onglets « r/c Recherche-Création » & « Marchécrire » )

    Censier, salle 430
    13 rue de Santeuil, 75005 Paris

  • Stalker/ Tarkovski (projection et table ronde : Enno Devillers-Peña et Bertrand Guest)
  • François Paré, « Zones grises : cartographie de l’indécidable » (Rép. Alice Lefilleul)
  • La littérature comme zone à défendre - rencontre avec Hélène Merlin-Kajman
  • Qu’est-ce qu’une zone ?
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