Colloque international transdisciplinaire Rêve et espace

Organisateur : Khalil Khalsi

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Rêve et espace

Colloque international transdisciplinaire organisé par le département de Littératures et de Langues du monde de l’Université de Montréal (UdeM) en partenariat avec l’Université Paris-Diderot et l’Université de la Sorbonne Nouvelle

Argumentaire

Ce colloque entend questionner les possibilités d’intermédiation du rêve et de l’espace. L’objectif est de repenser la manière dont l’expérience du rêve se conjugue à l’espace pour créer des configurations nouvelles et concourir à un processus d’être-au-monde, de subjectivation et de collectivisation.

Augustin Berque nous offre un exemple saillant d’une telle pensée en faisant référence au « Rêve », ce temps cosmogonique que certains peuples aborigènes d’Australie actualisent dans leur pratique quotidienne de l’espace, de quoi rappeler l’importance de « [c]onjuguer le physique et le phénoménal » (Berque, 42) dans la production de toute réalité humaine. La structuration de l’espace, d’un point de vue technique et géographique, est indissociable du système ontologique et symbolique avec lequel elle interagit. Il convient alors d’attribuer à l’espace (du point de vue de sa conception, de son appréhension et de sa performation) l’aspect fondamental de cette part d’irrationnel qu’est « l’imaginaire » — appellation quelque peu faible pour ce qu’elle désigne, à savoir cette puissance de création permettant d’établir un rapport avec la matière, de la symboliser et d’en faire usage.

Par ailleurs, le rêve nocturne est l’espace où le monde est convoqué sur un mode imaginal, forçant alors sur la frontière, tant géographique que psychique. De là, découlerait un libre échange entre les entités arbitrairement antagonistes : intérieur et extérieur, personnel et étranger, moi et non-moi. Quels types de discours, de figures ou de pratiques émergent de ces négociations ? Quelles résistances posent ces rencontres imaginales entre rêve et espace ? Dans quelle mesure les lieux parcourus dans le rêve modulent-ils la métaphore du soi ? Comment appréhender ces représentations « spatio-oniriques » par l’entremise desquelles se construit la métaphore du soi rêveur ?

Pour répondre à ces interrogations, plusieurs axes de recherche sont envisageables, dont nous proposons quelques-uns — qui peuvent se recouper :

  1. Rêve et aménagement : Quel type d’architecture favorise la pensée fantasmagorique (Benjamin) ? Comment la fiction d’un espace-rêve peut-elle interagir avec l’espace réel pour produire l’écoumène (Berque) ? À en croire Gaston Bachelard, la maison constitue une puissance d’intégration de la pensée, c’est-à-dire de structuration et de cristallisation subjective, par la rêverie. Dans quelle mesure la maison représente-t-elle une métonymie de l’espace-rêve ?
  2. Rêve et politique / rêve de conquête : L’espace-rêve peut-il devenir politique ? Comment le rêve de conquête, entrant en conflit avec le rêve autochtone, produit-il le vécu colonial ? Comment est-il contourné, reconfiguré selon les discours postcoloniaux ?
  3. Rêve et catastrophe humaine : Des camps de concentration aux flux de réfugiés, l’espace peut devenir une zone d’irrationalisme à même de brouiller la supposée frontière entre rêve et réel. Est-il alors possible de parler de disjonction entre psyché et environnement ? Rêve et espace ne finissent-ils pas, au contraire, par se projeter l’un dans l’autre et ainsi former une continuité « spatio-psychique » ?
  4. Rêve et environnement : Comment opère le rêve écologique, qui conçoit l’aménagement du territoire au sein d’un système où la nature est une culture en soi ? Produit-il une nouvelle ontologie, ainsi que le laisseraient suggérer les travaux de Descola ?
  5. Rêve et simulacre / crise de la culture : Comment problématiser le simulacre à l’aune d’une crise de la culture ? Peut-il être considéré comme un espace paradoxal où se manifeste la crise, lorsque l’utopie vire à la dystopie et le rêve au cauchemar (exp. : le drame social que fut le parc d’attractions Schrtoumpfland) ?
  6. Rêve et espace médiatique/numérique : Dans le même ordre d’idée que la question du simulacre, les médias et l’internet permettent une proximité plus grande et rapide avec l’espace, surtout à travers le journalisme citoyen et l’immédiateté numérique. Pensons aux vidéos de témoins ayant capté les événements du 13 novembre 2015 à Paris : par quels mécanismes le biais technologique peut-il transformer et faire « cauchemarder » l’expérience de l’espace dit « réel » ?
  7. Espaces de rêve et subversion : La faculté onirique, dans nos sociétés postmodernes, est souvent exploitée à des fins de consommation. Face à cela, le Dismaland de Banksy est un exemple récent de ce « jeu d’espace » qui consiste à aménager un « territoire de déstabilisation » (Baudrillard & Nouvel), mettant en lumière le désabusement qui sous-tend l’amusement. Quelles stratégies esthétiques, politiques et culturelles sont déployées pour faire du rêve un espace de création et de dénonciation ?

Nous encourageons les propositions de communication qui s’inscrivent dans un cadre transdisciplinaire : arts, littérature, cinema, anthropologie, sociologie, psychologie/psychanalyse, philosophie, neurosciences, architecture, sciences de l’environnement, science des religions, etc.

Les propositions, de +/- 300 mots, pour des communications d’une vingtaine de minutes, devront comporter un titre, une bibliographie indicative, l’affiliation du/de la candidat-e, sa fonction, son adresse courriel ainsi qu’une notice biobibliographique. Elles seront à envoyer à l’adresse reve.et.espace chez gmail.com d’ici le 30 avril 2016.

Date : 15-16 septembre 2016
Lieu : Université de Montréal, Carrefour des Arts et des Sciences, pavillon Lionel-Groulx

Organisation :

Khalil Khalsi (UdeM/Paris-3)

Comité scientifique :

Jean-François Cottier (Paris-7)
Xavier Garnier (Paris-3)
Simon Harel (UdeM)
Tiphaine Samoyault (Paris-3)

Bibliographie sélective :

BACHELARD, Gaston. La Poétique de l’espace. Paris : PUF, 1957.
BAUDRILLARD, Jean. Simulacres et simulation. Paris : Galilée, 1981.
BAUDRILLARD, Jean & NOUVEL, Jean. Les Objets singuliers. Paris : Arléa, 2013.
BENJAMIN, Walter. Paris, capitale du XIXe siècle. Paris : éd. du Cerf, 2006.
BERQUE, Augustin. Écoumène, introduction à l’étude des milieux humains [1987]. Paris : Belin Poche, 2010.
DEBORD, Guy. La Société du spectacle [1967]. Paris : Gallimard, 1992.
DESCOLA, Philippe. Par-delà nature et culture. Paris : Gallimard, 2005.

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