Adrien Bodiot

Inaugurés à l’automne 2020, nos travaux de thèse portent sur le devenir d’un espace, le Sahara, dans la littérature en français des XIXe et XXe siècles, entre 1845, date de parution du Sahara algérien d’Eugène Daumas, et 1937, publication de Méharées de Théodore Monod. Entre ces deux dates, s’étend près d’un siècle de conquête et d’occupation du désert : en l’espace de cent ans, le Sahara passe de terra incognita à territoire connu et sillonné. En parallèle, alors que l’on rencontrait assez peu de traces du Sahara dans la littérature avant 1830, et que la référence en termes de « désert » se situait plus à l’est, avec les voyages en Orient de Chateaubriand et de Lamartine, se constitue progressivement un corpus très important de textes à thématique saharienne en français. Cette « bibliothèque saharienne » alimentée par des expériences viatiques et leurs restitutions, par des travaux scientifiques de premier plan, par des récits militaires, par des œuvres romanesques, des poèmes et des pièces de théâtre, s’élabore progressivement en suivant les soubresauts de l’occupation. En prenant appui sur deux genres majeurs de ce corpus tentaculaire, le récit de voyage et le roman, notre thèse entend réexaminer la formation de cette bibliothèque en l’articulant à l’impérialisme colonial contemporain.