Stéphane Nourisson

Doctorant
Professeur agrégé

Thèse : Homosexualité masculine et marginalité dans le roman montmartrois du XXe siècle : Francis Carco, Jean Genet et Copi

Directeur(s) de thèse : Guillaume Bridet

De la Belle Époque aux années 1970, le quartier de Montmartre est le lieu où s’affiche de la manière la plus spectaculaire l’univers homosexuel masculin. Profitant d’une législation particulièrement tolérante, invertis et travestis investissent les music-halls et les dancings, racolent sur le terre-plein du Boulevard de Clichy, animent de nombreux bals de quartier et se retrouvent dans les promenoirs des théâtres. Ils inventent un mode de vie, une nouvelle culture, tout en restant vigilants face à l’homophobie toujours vivace. Ce monde interlope n’a pas de réflexe « communautariste », mais paraît au contraire bien intégré dans le Montmartre populaire et festif. Les écrivains de Frédéric Carco à Copi en passant par Jean Genet s’en inspirent pour leurs romans dans lesquels ce quartier rouge et populaire semble en adéquation avec la visibilité et la sociabilité des homosexuels. Ainsi, il semble pertinent à travers une étude comparée des trois romans Jésus-la-Caille, Notre-Dame-des-Fleurs et de La Guerre des pédés de nous intéresser aux liens entre homosexualité et marginalité.
Les trois romans choisis ne se limitent pas à une représentation mimétique et documentaire du Montmartre homosexuel. En adoptant une perspective géocritique, il s’agira de montrer que Montmartre a un rôle structurant dans les représentations de l’homosexualité en littérature. On interrogera alors le rapport entre fiction romanesque et réalité d’une identité homosexuelle de plus en plus visible qui se forge à travers des postures et des stéréotypes. Montmartre apparaît comme un espace réel qui témoigne d’une sociabilité homosexuelle mais aussi comme un espace fantasmé et littéraire. Les trois romans semblent alors témoigner d’un personnage homosexuel qui prend corps dans ce Montmartre en perpétuelle métamorphose. Ce qu’on l’on pourrait nommer le roman montmartrois tend à constituer un sous-genre en gestation dès 1914 avec l’œuvre de Francis Carco. Mais ne pouvant se maintenir et se développer, malgré une résurgence grâce aux romans de Genet et de Copi, il semble être resté dans les marges.


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