Autour du théâtre comme espace auditif : architecture, histoire, physique, philosophie Journée d’étude

Organisateurs : Mildred Galland-Szymkowiak, Marie-Madeleine Mervant-Roux

INHA, salle Vasari
Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris

Autour du théâtre comme espace auditif : architecture, histoire, physique, philosophie

Tout espace architecturé est ipso facto un espace qui plus ou moins consciemment organise le sonore. Choisir et agencer les volumes et les matériaux, et la manière dont ils sont fixés, c’est déterminer l’espace sonore. Un projet comme Corps sonore, pavillon de la Suisse édifié pour l’exposition universelle de Hanovre (2000) par l’architecte Peter Zumthor, et valant essentiellement par les expériences sonores qu’il permettait aux visiteurs, serait l’un des signes tangibles du souci croissant d’une architectonique du son. Réciproquement, le sonore tel qu’il existe pour nous est toujours le sonore d’un lieu, dans la spatialité de la relation entre l’émetteur – corps « sonnant », résonnant, proférant – ; le milieu dans lequel le son se propage, milieu intérieur, extérieur, diversement architecturé ; et le récepteur, en sa situation spatiale déterminée. La corrélation entre spatialité et sonorité n’est pas accidentelle, mais fondamentale. À partir de cette idée s’est développée la notion d’aural architecture (Blesser 2007), « architecture aurale », afin de désigner la configuration (pas seulement par les architectes de métier) des espaces en fonction de l’expérience humaine des processus sonores. Il s’agit par là aussi de mettre en avant l’écoute en tant qu’elle condense une expérience bien spécifique de l’espace ou de la spatialité.
Comment l’architecture, art de l’espace, s’empare-t-elle de la corrélation fondamentale entre spatialité et sonorité ? Si cette question est bien à l’horizon de la journée d’étude, elle n’y sera toutefois pas considérée dans sa généralité, mais à partir du cas particulier de l’espace sonore du théâtre. Nous posons en effet en hypothèse que réunir des spécialistes issus des études théâtrales, de l’architecture, de la philosophie et de l’acoustique autour du théâtre comme espace « aural » (ou, plus simplement, auditif), comme lieu d’ouïe et d’écoute, pourra permettre non seulement de mieux comprendre la spécificité de l’architecture et de l’organisation de l’espace au théâtre, mais aussi d’éclairer les questions qui peuvent se poser à l’architecture à partir de l’espace sonore théâtral.
Pour aborder ces questions, nous pourrons faire fond sur les travaux préalables des deux équipes qui organisent en commun la journée d’étude. Le projet ANR ECHO mené par Marie-Madeleine Mervant-Roux (2014-2018), au croisement des Sound Studies et des études sur l’acoustique, l’histoire et l’esthétique du théâtre, a renouvelé la façon de penser et d’écrire l’histoire du théâtre (France, seconde moitié du XXe siècle) à partir d’une étude précise du rôle que la voix, en particulier parlée, et de son écoute y jouent. L’interaction de l’architecture, de l’acoustique et du théâtral dans deux salles parisiennes, celle de l’Athénée et celle de Chaillot, a fait l’objet d’une enquête pluridisciplinaire détaillée. Quant à la SIAP (Société internationale architecture et philosophie), association scientifique franco-allemande pour le développement des études sur les points de contact et d’intersection entre architecture et philosophie fondée en 2010 par Mildred Galland-Szymkowiak et Petra Lohmann, elle a fait paraître récemment un numéro de revue Architecture, espace, aisthesis qui s’est attaché notamment aux questions suivantes : comment la prise en compte des sensations détermine-t-elle l’architecture (construction et réception) ? Qu’est-ce que l’expérience des édifices nous révèle sur le rapport sensible (perceptif et affectif) au monde ?

Cette journée interdisciplinaire accordera une large place aux discussions, dont le rôle sera crucial pour faire émerger les points de rencontre ou de différenciation des approches théâtrologique, acoustique, esthétique, philosophique, architecturale. Les langues d’exposés sont le français et l’anglais, les langues de discussion pourront comprendre en outre l’allemand, mais une traduction sera assurée.

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