Rencontres virtuelles « Fictions et contre-fictions du contrôle social » Journée d’étude

Organisateurs : Alexandre Gefen, Loïc Bourdeau

Visioconférences
Accès ouvert à toutes et à tous !
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5 février, 17h30-19h30 CET (Paris)

Session 1 :
Loïc Bourdeau & Alexandre Gefen – Remarques préliminaires

Martin Crowley (Cambridge) – L’opacité comme stratégie

Maryline Heck (U Tours) – Les errances de Philippe Vasset : une vie à contre-temps du contrôle social et de la rationalité libérale ?

Session 2 :
Corentin Lahouste (U Louvain) – Déjouer l’assignation identitaire, se faire « vaporisable » : des marginalités émancipatrices chez Olivia Rosenthal et Antoine Boute

Emilie Ieven (U Saint-Louis) – Immobiles mais pas silencieuses ! Étude de la place et de la puissance des narratrices dans les oeuvres de Marie Redonnet et Djaïli Amadou Amal

12 février, 17h30-19h30 CET (Paris)

Session 1 :
Quentin Cauchin (U Lyons) – Revoir la méthode. Défaire le langage managérial de la politique de l’accueil : un contre-récit de la violence faite aux réfugié.e.s en France

Khalil Khalsi (U Laval) – Sous les visages. Jeux de masques, transmigration et impersonnalisation dans le post-exotisme

Despina Jderu (U Bucarest) – Le récit de deuil : entre quête et illusion du
contrôle

Session 2 :
Héloïse Brezillon (U Cergy-Pontoise) – La science-fiction sonore : une esthétique de la transgression

Marion Coste (U Cergy-Pontoise) – L’écriture-jazz : une langue hors de contrôle chez Koffi Kwahulé et Kossi Efoui

19 février, 17h30-19h30 CET (Paris)

Session 1 :
Emmanuel Buzay (UMass Amherst) –De 1984 à Walden : lectures contestataires sous surveillance et contrôle dans le roman de Jean-Christophe Rufin Globalia (2003)

Alice Laumier (Sorbonne-Nouvelle) – Figurations du contrôle social et formes de résistance dans quelques romans de Nicolas Bouyssi

Nicolas Portugal (UI Urbana-Champaign) – (Dé)Connexions et contrôle du réel : La fiction au service de l’image manquante dans Par les écrans du monde de Fanny Taillandier

Session 2 :
Julie Rodgers (Maynooth U) – Tearing Down the Anthropocene in the Fiction of Ying Chen

Marie-Claude Hubert (U Lorraine) –Des dystopies pour en finir avec le patriarcat

Les récits contemporains produisent autant des dystopies dépeignant un monde sous contrôle (Alain Damasio, Les Furtifs, Trois fois la fin du monde, de Sophie Divry ou encore404, de Sabri Louatah) que des utopies d’un monde réouvert (d’Arcardie d’Emmanuelle Bayamack-Tam au Palais des orties de Marie Nimier) : à l’heure des démocratures et des hyper-mesures sanitaires, de l’intelligence artificielle et des GAFA, la question du contrôle social et de la liberté individuelle se pose frontalement dans la fiction française et francophone. Le thème de la folie (pensons à Jean Pierre Martin, Mes fous ou à Victoria Mas, Le Bal de folles) — exploré en profondeur dans le collectif récent Les Folles littéraires, des folies lucides (Calle-Gruber et al) —, celui du retrait du monde (Cécile Minard, Le Grand Jeu) ou du voyage solitaire (les récits de Jean Rolin, par exemple), la nostalgie de la liberté des années 70 (chez Simon Liberati), ou encore toute la relève littéraire franco-canadienne qui fait place aux écritures queer et aux voix racisées et autochtones, disent de nouvelles aspirations aux dérèglements, aux désordres, désignent la folie ou l’isolement comme des hétérotopies possibles et peut-être désirables. Marginaux de gauche chez Philippe Vasset ou marginaux de droite chez Michel Houellebecq se rejoignent pour donner voix aux non-lieux et aux écarts. Tandis que des écrivains comme Emmanuelle Pireyre ou Sandra Lucbert mettent en scène les dérives du storytelling ou des dispositifs néo-libéraux de « sous-veillance » d’autres encore, chez POL, Minuit, Verticales, Hamac ou Héliotrope, de Nathalie Quintane à Eric Chevillard en passant par Kevin Lambert ou Mariève Maréchale, produisent des récits délibérément hors de leurs gonds, résistant par leur complexité et s’opposant par une politique de la forme aux stéréotypes existentiels et discursifs. Qu’il s’agisse de promouvoir une écodiversité des paroles et des identités culturelles ou de prendre les dispositifs à leurs propres pièges — pensons à ce que propose dans l’autofiction Chloé Delaume pour réécrire le moi en dehors des assignations sociales —, on a le sentiment que tout un pan de la littérature dénonce et chercher à faire dévier, à dérégler, à renverser les normativités douces du capitalisme créatif, ses nudges, son injonction au bonheur et à la résilience, sa rationalité techniciste, ses empathies instantanées et dérisoires, sa manière d’emprisonner l’individu par ses traces et de l’emmurer dans l’individualisme numérique.

Ce sont ces nouvelles révolutions discursives, ces invitations au désordre et à ses rencontres, ces invocations au hasard et à l’événement, ces contestations subtiles, ces rappels de la radicalité du désir, ces retours de la subversion à l’heure des nouvelles formes de surveillance, que notre réflexion voudra saisir dans les littératures françaises et francophones.

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