Des fanzines littéraires à la littérature jeunesse : quelles hybridations ? Séminaire d’axe « Relations inter-arts et hybridations artistiques »

Intervenants : Ariane Mayer, Marie Sorel

Programme : Sciences de l’Enfance et de la Jeunesse (EnJe)

Ariane Mayer, « Hybridations textuelles et artistiques : le cas de la micro-édition et des fanzines littéraires »Présentation de la communication

Né dans les années 1930 pour diffuser à petit tirage des nouvelles de science-fiction, avant de s’étendre à une variété de domaines (de la littérature à la critique musicale et aux revendications politiques), le fanzine a toujours été marqué par une hybridation entre les arts. Dès le premier du genre, The Comet, et jusqu’aux productions actuelles qui se rapprochent de la micro-édition et du livre d’artiste, le monde du fanzinat a étroitement noué le texte à l’image, voire au travail plastique sur la matérialité du support.

Mon intervention se proposera de revenir sur ces croisements et dialogues artistiques opérés par l’univers vaste et créatif du fanzine, défini comme toute forme de petite publication réalisée par des passionnés et des amateurs, avec de faibles moyens de production, un réseau de diffusion alternatif au circuit institutionnel, et une philosophie marquée de l’autonomie. Je reviendrai sur ces rencontres inter-arts et inter-médiums à travers un corpus d’exemples retraçant quelques grands repères historiques, et présenterai un projet de recherche en cours sur ces questions.

Biographie – Ariane Mayer

Après une thèse soutenue en 2016 sur la lecture littéraire à l’heure du numérique, Ariane Mayer est actuellement maîtresse de conférences en littérature française à la Sorbonne-Nouvelle (Thalim) et à l’IUT de Paris (département informatique). Ses travaux de recherche explorent une diversité de pratiques littéraires fondées sur les notions d’expérimentation, d’avant-garde et de contre-culture, au cours du XXème et surtout du XXIème siècle. Elle s’intéresse surtout à deux objets contemporains : la création littéraire nativement numérique, et les pratiques liées au fanzinat, à la micro-édition et à l’auto-édition.

Marie Sorel, « La littérature de jeunesse : hybridation des arts, hybridation des âges ? »

Cette intervention s’ouvrira sur la présentation de l’un des projets d’établissement quadriennaux de la Sorbonne Nouvelle : le projet EnJe, consacré à l’enfance et à la jeunesse. Associant enseignant.e.s-chercheur.e.s, masterant.e.s et doctorant.e.s de différentes UFR et équipes de recherche, le groupe EnJe se propose de cartographier les enseignements et travaux scientifiques de la Sorbonne Nouvelle liés de manière plus ou moins directe à l’enfance et d’initier des projets interdisciplinaires sur la jeunesse, envisagée non comme une donnée anhistorique mais comme une construction sociale, une catégorie relative, fluctuante et donc aisément manipulable. L’axe retenu pour la première année du projet est la littérature de jeunesse, dans son sens extensif, de la petite enfance aux « jeunes adultes », voire au « tout public ».

Au cours de cette intervention dans le séminaire Thalim, les rencontres et tensions qui traversent la littérature de jeunesse seront abordées au prisme de certaines des problématiques de l’axe « Hybridations et relations inter-arts » (https://www.thalim.cnrs.fr/mot/relations-inter-arts-et-hybridations). Littérature aux « incertaines frontières » (Isabelle Nières-Chevrel), la littérature de jeunesse est en effet un lieu privilégié de croisements de supports (intericonicité de l’album ; intermédialité ; transmédialité …) et de pratiques (polyvalence des auteurs-illustrateurs ; alternance de lectorats pour les crosswriters ; interactions enfant/adulte dans la lecture orale partagée … ). Il s’agira de s’interroger sur quelques-unes de ces démarches d’hybridation entre les arts et entre les âges, sans esquiver les limites de ces dialogues et de ces circulations. Si séduisant et fédérateur soit-il, le label intergénérationnel, très à la mode, mérite par exemple d’être interrogé en ce qu’il tend à faire oublier les différences intragénérationnelles, l’asymétrie entre l’enfant et l’adulte prescripteur, le déficit de légitimité de la littérature de jeunesse, les transferts de notoriété loin d’être évidents d’une pratique à une autre ou encore la segmentation du marché en tranches ou seuils d’âges. Une brève incursion dans le théâtre d’un auteur « bifrons » comme Fabrice Melquiot, promoteur d’un théâtre « transgénérationnel », nous offrira l’occasion de mettre à l’épreuve la notion d’hybridation des âges, constamment déclinée dans son œuvre (âges transitoires, métamorphoses, créatures composites et monstrueuses, anachronismes … ) mais largement tempérée par des logiques institutionnelles, juridiques et éditoriales.

Biographie — Marie Sorel

Marie Sorel est MCF en littérature française à la Sorbonne nouvelle et membre de l’UMR Thalim. Elle a consacré une thèse au jeu dans l’œuvre romanesque et théâtrale de Montherlant (Honoré Champion, 2015). Ces dernières années, elle a publié des travaux sur les résurgences de l’enfance au théâtre, sur la littérature de jeunesse et sur le théâtre jeunes publics. Elle a co-dirigé avec Bénédicte Milland-Bove La Littérature de jeunesse par ses textes (PSN, 2020), un volume auquel ont contribué plusieurs membres de l’UMR. Membre du projet « Ecrire le 13 novembre » piloté par Catherine Brun et membre du Groupe de Recherche Interuniversitaire sur les Écritures Théâtrales (GRIET), fondé par Benoît Barut, Catherine Brun et Élisabeth Le Corre, elle coordonne avec Aliyah Morgenstern (PRISMES) un projet d’établissement interdisciplinaire sur l’enfance et la jeunesse (EnJe).

Séance en distanciel
https://us06web.zoom.us/j/84887947007?pwd=M1dSUlpvUmdWUWpkeWFySkEwOTNWQT09
ID de réunion : 848 8794 7007
Code secret : 729841

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