La « double vie » vécue dans les livres : la dimension autobiographique des souvenirs de lecture Les écritures de soi, un objet transdisciplinaire ? Enjeux d’une définition et d’une approche historique et littéraire

Cette communication sera consacrée à un corpus qui relève de l’écriture de soi de manière oblique, puisqu’il est consacré à la remémoration des livres préférés, et à la constitution d’un panthéon littéraire personnel, remontant aux premières lectures. L’enjeu de ces mémoires de lecteur ou de lectrice n’est pas directement de produire un autoportrait, mais un portrait chinois de l’auteur s’en dégage immanquablement, à la manière du Bibliothécaire d’Arcimboldo. Si bien qu’on peut parler d’« autobiographies de lecteur » , pour qualifier ces collections de souvenirs littéraires, parus des années 1990 aux années 2020.
Ces autobiographies de lecteur semblent promettre de satisfaire un fantasme de critique : celui d’accéder à la formation intellectuelle et spirituelle de l’écrivain, à l’avènement de sa vocation littéraire. Mais cet accès apparemment donné à la subjectivité de l’écrivain peut aussi cantonner le lecteur curieux à une forme d’extériorité, puisque la médiation employée est celle des livres, objets par définition publics, puisque publiés. L’écriture autobiographique fait donc un détour par l’extime. On étudiera donc ici les effets qu’opère le décentrement consistant à se peindre à partir de ses lectures passées.