La théorie de la lecture beauvoirienne des Cahiers de jeunesse à Tout compte fait : l’expérience vécue dans les livres Congrès de la SELF XX-XXI : Expériences

Intervenant : Aude Leblond

Université de Nanterre et université Paris Cité

La confusion entre expérience lue et expérience vécue n’a pas l’air de poser problème à Beauvoir, qui se révèle une lectrice exceptionnellement bovaryste. Beauvoir convoque l’idée de monde parallèle pour indiquer la manière dont les meilleurs livres transportent littéralement le lecteur. La lecture relève d’une expérience vécue ailleurs, mais vécue tout de même. Pour Beauvoir, la lecture est un substitut acceptable de l’expérience, et cette expérience peut parfaitement se transmettre par le médium du roman.
Tout en dénonçant les conduites excessivement romanesques que peuvent adopter en particulier les femmes , Beauvoir ne lâche jamais l’idée d’une transitivité de la littérature qui a l’air de relever pour elle de l’évidence, de même que l’identification. L’expérience transmise par les romans devient même un adjuvant crucial : le milieu de la jeune fille rangée ne lui aurait jamais laissé imaginer les possibilités que lui ont ouvertes Jo March ou Maggie Tulliver. Elle exprime à son tour le désir de permettre aux autres de s’identifier à elle, procurant à ses lectrices un vaste réservoir d’expériences à faire par procuration .

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