Les souvenirs de lecture au féminin : Petite Nuit (Marianne Alphant, 2008), Comment j’ai appris à lire (Agnès Desarthe, 2013), et autres témoignages de lectrices contemporaines La lectrice est-elle un lecteur comme les autres ?

Intervenant : Aude Leblond

Université Bordeaux Montaigne

Alors que les autobiographies de lecteurs sont des récits de vocation mettant en scène la découverte de la lecture comme une révélation merveilleuse, les autobiographies de lectrice peuvent surgir d’une blessure initiale, conduisant la lectrice à l’oubli de soi dans l’addiction aux livres (Marianne Alphant, Petite Nuit, 2008), ou au contraire au rejet radical de la lecture (Agnès Desarthe, Comment j’ai appris à lire, 2013). Autrement dit, la posture honteuse de la liseuse (émotive, sentimentale, sexualisée, régressive, vulnérable) n’est pas réfutée par les autrices contemporaines, qui ne reculent pas devant la réappropriation des pires clichés. Mais ce que permet la reconnaissance de la vulnérabilité des lectrices est aussi de se construire un roman dans lequel les livres finiront par jouer un rôle salvateur : ceci ne rend pas aux lectrices leur agentivité, mais permet d’élaborer de nouvelles manières d’écrire et de critiquer, à la fois plus sensibles et plus humbles, qui tirent justement leur force des points faibles de la lectrice.

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