Deux ans après que Maurice Blanchot a dénoncé, dans la prise de pouvoir par De Gaulle, une « perversion essentielle » qui transforme le pouvoir politique en puissance de salut, Bernard Dort s’insurge contre une perversion plus « sournoise » : la « perversion du vocabulaire », élevée « à la hauteur d’un instrument de gouvernement ». À ses yeux, « cette dégradation du langage » doit être perçue comme « l’un des signes de l’action dissolvante exercée par la guerre d’Algérie », et figure « au premier rang des motifs qui ont amené intellectuels et écrivains français à manifester leur opposition inconditionnelle à la poursuite de cette guerre. » Le rappel de quelques-unes des distorsions verbales (coups de force ou euphémisations) de la période permettra d’examiner les réactions qu’elles ont suscitées chez les artistes et les intellectuels et de s’interroger sur leur apparente « frivolité ».
Distorsions verbales et mobilisations littéraires Chapitre d’ouvrage - 2014
Catherine Brun, « Distorsions verbales et mobilisations littéraires
», in Catherine Brun (ed.), Guerre d’Algérie. Les mots pour la dire, 2014, pp. 215-227. ISBN 978-2-271-07992-3. 〈http://www.cnrseditions.fr/histoire/6962-guerre-d-algerie.html〉
Résumé