L’Algérie coloniale, ou l’Andalousie heureuse Article - Mai 2018

Tristan Leperlier

Tristan Leperlier, « L’Algérie coloniale, ou l’Andalousie heureuse  », Socio-anthropologie, numéro spécial Mémoires coloniales (Sous la direction de Pierre Bouvier et Sophie Poirot-Delpech), mai 2018, pp. 107-121. ISSN 1276-8707. 〈https://journals-openedition-org.inshs.bib.cnrs.fr/socio-anthropologie/3299〉

La guerre civile algérienne des années 1990 a créé les conditions de possibilité d’un développement d’un « mythe andalou » autour de l’Algérie coloniale chez les écrivains algériens exilés en France. Ces historiens souterrains que sont les écrivains algériens rappellent, en tant qu’intellectuels, francophones et laïcs (ou du moins anti-islamistes), le raffinement intellectuel, le métissage culturel, et la tolérance religieuse du passé, et particulièrement celui de la présence française, eux qui découvrent en France la communauté pied-noir. Mais à travers la réhabilitation de la figure du pied-noir, c’est moins le métissage culturel de la période coloniale que la dénonciation de l’imposition actuelle en Algérie d’une identité arabo-musulmane stricte qui est en jeu. Dans les textes de la période, en particulier de La gardienne des ombres de Waciny Laredj, c’est une Andalousie perdue, plurielle d’avant l’exil, qui se détache des ruines.

The Algerian civil war of the 1990s created the conditions of possibility for the development of an “Andalusian myth” of colonial Algeria among Algerian writers exiled in France. These Algerian-writers-cum-underground-historians, who in France discovered the pied noir community, recall—as intellectuals, Francophones and laypeople (or at least anti-Islamists)—the intellectual refinement, cultural mixity and religious tolerance of the past, particularly that of the French presence. But through the rehabilitation of the figure of the pied noir, what is at stake is less the cultural mixity of the colonial period than the denunciation of the current imposition of a strict Arab-Muslim identity in Algeria. The texts of the period, particularly La Gardienne des ombres by Waciny Laredj, depict a lost, pre-exile, plural Andalusia, which stands apart from the ruins.

Voir la notice complète sur HAL

Actualités