« La distribution des voix du TNP (Théâtre national populaire) dans les disques de poésie (1955-1965) : une archive des liens souterrains entretenus d’un art à l’autre après la Seconde Guerre mondiale » Preprint, Working Paper, Document de travail, etc. - 2023

Marie-Madeleine Mervant-Roux

Marie-Madeleine Mervant-Roux, « « La distribution des voix du TNP (Théâtre national populaire) dans les disques de poésie (1955-1965) : une archive des liens souterrains entretenus d’un art à l’autre après la Seconde Guerre mondiale »  », 2023

Résumé

S’engager dans une recherche sur les disques de théâtre à leur âge d’or, correspondant sur le plan technique à celui du microsillon 1 , conduit rapidement à deux constats : le premier est que beaucoup de disques sont mixtes, mêlant souvent étroitement oeuvres dramatiques et oeuvres poétiques. Dans le coffret Visages de Victor Hugo, par exemple, la partie dédiée à « L’amoureux » fait entendre sans transition un extrait d’Hernani et un poème de Toute la lyre. Le second est que les productions phonographiques des comédiens de théâtre comportent souvent des disques de poésie. Or, bien que certaines de leurs interprétations soient entrées dans la mémoire collective, Cuny disant François Villon ou Barrault disant les « poètes maudits », ces disques semblent n’intéresser personne, quelques collectionneurs mis à part. Il y a à cela plusieurs raisons : les textes que l’on entend ne correspondent pas, sauf exceptions, à l’actualité poétique vivante de leur temps ; leur diffusion paraît socialement négligeable par rapport aux récitals radiophoniques ; ils sont en outre difficiles à retrouver, à écouter, à dater, à documenter. Ils peuvent pourtant beaucoup apporter, tant aux spécialistes de théâtre qu’aux spécialistes de poésie, en permettant d’abord de ressaisir un pan important de l’histoire moderne de la diction et plus largement de l’art du dire littéraire, comme l’a fait Reinhardt Meyer-Kalkus pour le champ germanophone. De vérifier par exemple que ce qu’on appelle couramment, hors du théâtre, la « diction théâtrale » offre dans la réalité une grande variété de formes et que parmi les comédiens qui sont aussi, hors scène, des lecteurs de poèmes, beaucoup s’adaptent à ce qui constitue une tout autre situation d’élocution. Mon projet dans cet article sera d’une nature différente. Il m’a semblé que la reconstitution du processus de production de ces phonogrammes « interarts » pourrait éclairer une question importante : celle des relations qui, pendant les années qui ont suivi l’immédiate après-guerre, ont pu se retisser entre le théâtre, art officiellement social, et cet autre art qui s’était avéré socialement vital pendant les années noires : la poésie.

Voir la notice complète sur HAL

Actualités