Portrait de l’"enchanteresse" par sa fille adoptive Chapitre d’ouvrage - 2011

Sarga Moussa

Sarga Moussa, « Portrait de l’"enchanteresse" par sa fille adoptive  », in Juliette Récamier dans les arts et la littérature. La fabrique des représentations, 2011, pp. 31-45

Résumé

Amélie Lenormant (1803-1893), née Cyvoct, était la nièce de Jacques Récamier, le mari de Juliette. Amélie, dont le nom de baptême était Marie-Joséphine, était la fille d’un médecin à l’hôpital de Belley. Elle perdit sa mère en 1811, à l’âge de 7 ans et demi. Lorsque les Récamier l’adoptent, à cette date, la petite fille originaire du Bugey va se trouver du jour au lendemain propulsée dans la grande Histoire : elle accompagnera en 1812 Mme Récamier à Coppet, où celle-ci devait rejoindre Mme de Staël, exilée par l’Empereur. Elle accompagnera également sa mère adoptive dans ses voyages en Italie. C’est d’ailleurs à Naples que, par l’intermédiaire de Jean-Jacques Ampère, elle fera la connaissance de l’archéologue Charles Lenormant, qu’elle épousera en 1826. Ils auront deux filles, Juliette (évidemment !) et Paule, ainsi qu’un fils, François, archéologue comme son père. Au-delà de ces quelques éléments biographiques, au demeurant très lacunaires, on peut rappeler qu’Amélie Lenormant, à qui sa mère adoptive avait légué ses papiers, joua un rôle non négligeable dans la construction de l’image de Mme Récamier en publiant, après sa mort, plusieurs recueils de lettres de celle-ci ou adressées à elle : les "Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Madame Récamier" (1859, ouvrage réédité en 1860), puis "Madame Récamier. Les amis de sa jeunesse et sa correspondance intime" (1872, traduit en anglais en 1875), enfin les "Lettres de Benjamin Constant à Madame Récamier" (1882), en concurrence avec un volume portant le même titre (mais contenant beaucoup moins de lettres) publié par Louise Colet en 1864. Ces trois ouvrages, auquel on peut ajouter une trentaine de pages du " Journal d’Amélie Cyvoct " publié par son petit-fils en 1922, constitueront notre corpus principal, avec un intérêt tout particulier pour le deuxième recueil épistolaire, où Amélie Lenormant rédige un court texte autobiographique, en préambule aux lettres que Mme Récamier lui a adressées, et qu’elle a choisi de conserver. On verra que l’image de cette dernière est plus complexe qu’on aurait pu le croire au premier abord, même si, bien entendu, elle s’inscrit dans un contexte " hagiographique ". Enfin, on voudrait signaler qu’il existe un versant moins connu de la production d’Amélie Lenormant, qui fit œuvre à la fois de traductrice de l’anglais (avec un "Traité pratique de culture du dahlia", publié en 1839), de journaliste (elle écrivit sous le pseudonyme de Léon Arbeau des articles consacrés notamment à Mme de Staël et à Mme Récamier dans "Le Correspondant", revue où s’exprimait l’opinion catholique libérale sous le Second Empire), enfin d’historienne, puisqu’elle publia en 1866 un ouvrage intitulé "Quatre Femmes au temps de la Révolution".

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