Frédéric Jacques Temple : les cent ans

Dans l’erre des vents. Traces de vie et lignes d’erre Article - Janvier 2023

Marie-Paule Berranger, « Dans l’erre des vents. Traces de vie et lignes d’erre », in Pierre-Marie Héron et Marie Joqueviel Bourjea (dir.), Frédéric Jacques Temple : les cent ans , Domens/Meridianes, Janvier 2023

Frédéric Jacques Temple n’aime pas les bilans ni la nostalgie, ce qui ne l’empêche pas de reparcourir dans L’Erre des vents les « Territoires » de son aventure. Non pour vivre dans le passé mais, fort de cette conviction que « le temps n’existe pas pour la mémoire » (Une longue vague porteuse), pour faire revivre les lieux chargés d’affects et de présences humaines, animales, végétales. Ce recueil de 2017 se construit sur des poèmes courts où l’on revisite des formes liées à la poésie des troubadours –le sirvantès, dans la lignée de Peire Vidal, la terza rima, dans le sillage de Dante, le sizain que pratiquèrent Arnaut Daniel admiré de Dante et de Pétrarque- mais on reconnaît aussi certaines formes brèves liées aux causses arides et paysages méditerranéens, comme celles que le poète convoquait dans « Midi », « Paysage bref », Calendrier et autres « Villages du Sud ». On y saisit le lyrisme des chansons et des mythes, celui des psaumes et d’une genèse qui ouvre sur la parousie : tout un entrecroisement de traces et de feux anciens comme autant de sentes archaïques que réactive le passage du poète.
Traces de vie non pas au sens où l’on chercherait une trace encore vivante dans un paysage dévasté, mais au sens où l’on explore les traces anciennes de vies multiples et intenses, lignes d’erre, au sens de Deligny, celles de ces sentes archaïques qui ne s’effacent pas, quand bien même recouvertes par la végétation et les éboulis, pour ceux qui ont réglé leur boussole interne sur le vivant, qui observent, sentent, écoutent en chasseur-cueilleur.

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