Jamais sa route n’aurait dû croiser celle de...

Entrevue avec Nastassja Martin, auteure de Croire aux fauves : « S’ouvrir à la perméabilité du monde » Article - Juin 2020

Khalil Khalsi, « Entrevue avec Nastassja Martin, auteure de Croire aux fauves : « S’ouvrir à la perméabilité du monde » », Jamais sa route n’aurait dû croiser celle de... , Juin 2020

Jamais sa route n’aurait dû croiser celle de cet ours, lui-même égaré, dans les plis du Kamtchatka. Mais par le biais de ses lectures, de ses rencontres, de ses terrains d’anthropologie situés de part et d’autre du détroit de Béring, quelque chose en elle s’était depuis longtemps mis dans l’expectative de cet en-dehors du monde. Ses amis évènes, éleveurs de rennes de l’Extrême-Orient russe devenus chasseurs-pêcheurs à la chute de l’empire, l’appelaient déjà « matukha  », mi-femme mi-ourse, lorsqu’elle leur racontait ses nuits peuplées de fauves. Aussi ce corps-à-corps avec la bête, mâchoire contre piolet, incarne-t-il cette tectonique des modes d’existence où rêve et veille, esprit et matière, humain et autre qu’humain se percutent et ouvrent une faille à partir de laquelle l’être grandit et se raccorde au monde. Croire aux fauves (Verticales, 2019) est le récit, pour le moins puissant, que Nastassja Martin livre de sa reconstruction ontologique après cet événement qui fait déborder le sens. Aujourd’hui, cette ancienne étudiante de Philippe Descola, l’auteur de l’ouvrage-phare Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005), est une voix qui compte dans l’anthropologie de la nature ; ce champ de recherche œuvre à réhabiliter notre manière de nous relier aux autres vivants, et ce, en nous plaçant vis-à-vis des autres cosmologies dites « non-modernes », dont les populations qui les pratiquent font très souvent les frais de notre prétendue modernité. Entretien.

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