Sony Labou Tansi. Une écriture de la décomposition impériale Ouvrage - 2015

Xavier Garnier, Sony Labou Tansi. Une écriture de la décomposition impériale, Karthala, 2015

À partir d’une lecture géocritique de l’œuvre de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi (1947-1995), cette étude se propose d’analyser la façon dont la littérature peut tirer parti de la circulation d’énergies au sein des espaces impériaux. Les théories postcoloniales ont apporté aux recherches sur les littératures francophones une prise en compte de ce niveau intermédiaire entre l’ancrage national et le cadre mondial que sont les espaces impériaux. Si la colonisation fut bien un phénomène mondial, les différents empires coloniaux ont déployé des nappes spatiales différenciées, qui n’obéissent ni au principe d’intériorité nationale, ni à celui de la mise en connexion globale, mais à des processus de spatialisation encore actifs aujourd’hui.
Le déploiement de l’empire, qui a été vécu par le conquérant comme une enthousiasmante ouverture d’espace, a eu comme envers l’expérience faite par le colonisé d’un effondrement de son espace de vie. Le souffle de cet effondrement est une contre-énergie, un principe de décomposition, qui ne cesse de remonter de la périphérie aux centres impériaux, et dont la littérature de Sony Labou Tansi témoigne merveilleusement. La tonalité apocalyptique de son écriture, qui « invente un poste de peur dans ce vaste monde qui fout le camp », naît de l’expérience du colonisé condamné à parler depuis des lieux de relégation. C’est depuis une Afrique postcoloniale en voie de décomposition que cet auteur interpelle le monde pour le rappeler à l’espoir et au sens de l’humain.

http://www.karthala.com/lettres-du-...

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