De 16h à 18h à l’INHA, 2 rue Vivienne, Paris 2e
Salle Mariette
Organisé par par l’Association Internationale Blaise Cendrars (AIBC), l’UMR Thalim et le CSLF (Paris Nanterre), le séminaire « Constellation Cendrars » s’inscrit dans la continuité de la revue du même nom, lancée en 2017 aux éditions Garnier (revue conjointe qui prend la suite des cahiers de l’AIBC Feuille de routes et de la revue du CEBC, Continent Cendrars).
À l’heure où vient de s’achever sa publication dans la « Bibliothèque de la Pléiade », l’œuvre de Cendrars demande plus que jamais à être considérée comme une œuvre ouverte et plurielle dont le rayonnement est de nature à éclairer la modernité littéraire de son temps dans le foisonnement de ses relations avec la peinture, le graphisme, la presse, la publicité, la photographie, la radio, le cinéma… mais aussi avec d’autres continents et d’autres esthétiques (l’Amérique, le Brésil, le primitivisme…).
Le thème retenu pour ce premier séminaire, « L’écrivain et ses éditeurs », se présente comme une étude de cas de nature à enrichir le dossier déjà bien renseigné, et néanmoins toujours actuel, du « couple infernal », autant que vital, que forme l’écrivain avec son éditeur (Sylvie Perez ; Jean-Louis Cornille). La richesse du sujet tient en l’occurrence à la diversité des éditeurs, français (Arthaud, Corrêa), suisses (Niestlé), parisiens (Denoël, bien-sûr) ou non (Jean Vigneau), des positionnements très différentes des maisons d’édition (de l’avant-garde à l’édition populaire) où Cendrars a publié et/ou réédité ses œuvres, avec toute l’attention et les exigences de celui qui fut lui-même un éditeur inventif travaillant pour Les éditions de la Sirène (au recrutement des auteurs, au catalogue, aux maquettes de couverture) ou au Sans Pareil… René Hilsum, Pierre Laffite, et d’autres ont ainsi eu droit de cité dans l’œuvre, comme en un hommage en retour : s’esquisse ainsi un portrait fictionnel de l’éditeur qui reste à considérer.
La collection « Cendrars en toutes lettres », des éditions Zoé, qui nous a récemment découvert les échanges épistolaires de l’écrivain avec Henry Miller, avec Raymone, avec Jacques-Henry Lévesque, révèle un pan intime du savant « jeu du chat et de la souris » que Cendrars entretient volontiers avec ses éditeurs, tandis que les correspondances encore inédites, conservées aux Archives Littéraires Suisses de Berne, avec Guy Tozi, Louis Brun, Jean Voilier ou Maximilien Vox font valoir la part de sa collaboration aux relectures, à la conception de la bande promotionnelle…, de ses exigences (financières comme esthétiques en matière de couverture), sa gratitude à l’égard de ses « correcteurs » (lui qui n’a jamais su maîtriser l’orthographe)... Dans le récent dépôt à l’IMEC d’un complément aux archives Grasset, les relations de Cendrars avec cet éditeur (jusqu’ici renseignées par Gabriel Boillat), trouvent encore à se préciser.
C’est un passionnant puzzle fait de morceaux de méfiance et de confiance, de gratitude et de roueries, de coups de gueule et de négociations, que nous sommes invités à reconstituer. On y verra la volonté de faire œuvre, puis la prise de conscience de ce que cela implique, au-delà même de la création : la construction d’un ensemble architecturé, d’un lectorat et, condition de tout, l’accessibilité de tous les titres publiés et la pérennité des textes, sur laquelle les éditeurs ont tout pouvoir.